La cinquantaine est là. Dans le flot tumultueux, je ne l’ai pas vue venir. Temps, vertige, effroi ; les maux s’infiltrent, prospèrent, me paralysent. Les idées noires se déploient, à leur guise. L’écrit les libère, un journal les recueille. Le passé afflue, l’encre coule, j’apprivoise mon mal de mer. Je raconte cette traversée du désert dans Journal d’une femme de bord, autoédité en 2022.Aujourd’hui, ma vie s’est désemplie, je retrouve le temps de lire, mais surtout le temps de penser, de laisser vagabonder mon esprit, ma plume. Je dissèque, collectionne, recombine des petits bouts d’existences que je consigne dans mes carnets. Je me questionne sur ce qui corrode un lien ; j’invente des nœuds, des distensions, je tisse la toile d’une emprise. J’explore l’enfance, l’âge mûr, la famille, l’amitié, la solitude, l’intime. J’esquisse des trajectoires improbables, des sillages, des prolongements. Mes questions en suspens s’incarnent dans les histoires singulières de mon format favori, la nouvelle.