Le navigateur qui descend du nord le long de la côte occidentale d’Afrique ne doit pas s’attendre à y retrouver, au sud de l’empire de Maroc, les grands aspects de terre et d’eau, les échappées sur l’Atlas neigeux, qu’il a pu contempler de loin en loin entre le cap Spartel et la baie d’Agadir. Dès qu’il a doublé le promontoire de Nun, borne redoutable des anciennes navigations, il ne voit plus à sa gauche qu’une haute falaise de roche nue dont un violent ressac ronge incessamment la base, dont un implacable soleil calcine incessamment la crête. C’est la bordure maritime du grand désert, le rempart qu’il oppose aux longues lames et aux courants de l’Atlantique. Ceux qui ont escaladé cette muraille du Sahara, des naufragés pour la plupart, n’ont contemplé de l’autre côté de ses escarpements qu’une surface unie, lugubre comme celle de la mer par un calme plat ; un horizon sans bornes, une plaine immense, brûlante, aride, sans verdure, sans un buisson, un brin d’herbe, sans la moindre ressource qui soit de nature à prolonger l’existence d’un être humain jeté dans ce déplorable milieu. Aux environs du cap Blanc, cette falaise, longue déjà de plus de mille kilomètres, s’abaisse et fait place à une chaîne de dunes. Celle-ci, qui diminue graduellement en hauteur et en importance à mesure qu’elle se rapproche du sud, vient enfin s’amoindrir et se perdre, vers le seizième degré de latitude nord, dans une longue et mince langue de sable, à travers laquelle un grand fleuve, issu des vraies contrées tropicales de l’Afrique, se fraye un passage dans l’Océan. Ce fleuve est le Sénégal, qui donne aujourd’hui à une grande et belle contrée un nom qu’il doit à la peuplade berbère Zénaga établie sur sa rive droite alors que le navigateur portugais Lancerote ou Lancelot le découvrit en 1447...
Depuis la découverte du Sénégal, et vraisemblablement jusqu’au milieu du seizième siècle, les Portugais seuls naviguèrent et trafiquèrent dans ses eaux. Leur présence même à une époque plus rapprochée de nous y est constatée par leurs auteurs, par tous les explorateurs de la Sénégambie, et particulièrement par la conservation, dans les idiomes Oualof, Serère et même malinké, d’un certain nombre de mots évidemment d’origine lusitanienne, tels que signare pour signora, rapace, domestique, argamace, terrasse, etc...
Editeur : Editions Homme et Litterature
Publication : 29 mai 2025
Edition : 1ère édition
Intérieur : Noir & blanc
Support(s) : Livre numérique eBook [ePub + Mobi/Kindle + WEB]
Contenu(s) : ePub, Mobi/Kindle, WEB
Protection(s) : Marquage social (ePub), Marquage social (Mobi/Kindle), DRM (WEB)
Taille(s) : 1,39 Mo (ePub), 3,17 Mo (Mobi/Kindle), 1 octet (WEB)
Langue(s) : Français
Code(s) CLIL : 3381
EAN13 Livre numérique eBook [ePub + Mobi/Kindle + WEB] : 9782384694082
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