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Résumé

"Depuis l’antiquité, les étudiants se pressent pour écouter les philosophes. C’est seulement à partir du XXème siècle que l’on a pu enregistrer les maîtres de la philosophie contemporaine. L’ouvrage proposé est une porte ouverte sur la pensée et son histoire. Elle apparaît d’autant plus nécessaire dans un monde où la réflexion a été remplacée par une pensée restrictivement duale et instantanée. Ce coffret propose pour la première fois de mettre à la disposition du public l’intimité intellectuelle de ces grands philosophes et d’en écouter avec l’éclairage de leurs propres voix, leurs idées, leurs propositions… Patrick Frémeaux “Il fallait un sacré culot pour oser se lancer dans une telle entreprise. Imaginez cela : mettre sur le marché six CD, ne contenant que des propos tenus par la plupart des plus grands penseurs français du 20ème siècle. (...) En fait, cet enregistrement témoigne de la diversité de la pensée au 20ème siècle et aussi, de son incroyable complémentarité. Une leçon à retenir.” D.A. Grisoni, LA VIE “Une initiative remarquable.” LA CROIX “L’auditeur n’en revient pas d’avoir accès à ce florilège de pensée en mouvement, sans minimiser l’émotion de la voix. Une aventure exceptionnelle.” V. Marin La Meslée, MAGAZINE LITTÉRAIRE

Auteur

  • Jean-Paul Sartre (auteur, Narrateur)

    Jean-Paul Sartre (1905-1980) est philosophe, critique littéraire, romancier, nouvelliste et dramaturge. Il se fait connaître du grand public par ses récits (La Nausée, Le Mur) et ses pièces de théâtre (Les Mouches, Huis clos). Mais son activité littéraire est indissociable de sa pensée philosophique (L'Imaginaire, L'Être et le néant). Menant une intense activité politique, il refuse le prix Nobel de littérature en 1964.
  • Maurice Merleau-Ponty (auteur, Narrateur)

    Né à Rochefort en 1908, Maurice Merleau-Ponty, ancien élève à l'École normale supérieure, agrégé de philosophie, docteur ès lettres en 1945, professeur à la Sorbonne, puis au Collège de France depuis 1952, est mort en 1961. Il a été membre du comité directeur des Temps modernes depuis leur fondation.

  • Vladimir Jankélévitch (auteur, Narrateur)

    Vladimir Jankélévitch (1903-1985) est l'un des plus grands penseurs du XXe siècle au même titre que Jean-Paul Sartre ou Emmanuel Levinas. Disciple préféré d'Henri Bergson, il a longtemps occupé la chaire de morale de la Sorbonne. Résistant de la première heure, il a été de tous les combats contre l'occupant allemand, et a donné, après la guerre, parmi les contributions intellectuelles les plus importantes pour cerner le sens des crimes nazis. Auteur de L'Imprescriptible, il laisse une 1⁄2uvre riche de méditations sur la musique, la mort et la joie.

  • Gilles Deleuze (auteur, Narrateur)

    Cet article provient du Dictionnaire des philosophes, sous la dir. de Denis Huisman, 2e édition revue et augmentée DELEUZE Gilles, 1925-1995 Gilles Deleuze occupe dans la philosophie contemporaine une place insolite, à la périphérie des grands courants de pensée comme le marxisme, la psychanalyse, ou encore le “ structuralisme ”. Il est bien difficile de lui assigner un lieu dans l’histoire récente de la pensée, car aujourd’hui plus que jamais, il se veut “ hors ” et “ entre ”, nomade. Il fut sûrement un des premiers en France, au cours des années 60, à ressentir l’exigence d’une pensée résolument anti-hégélienne. Le premier aussi, avec Michel Foucault, à en pressentir les contours. On distingue en général trois périodes dans l’œuvre de Gilles Deleuze. La première est composée d’une série de monographies ; elle va de 1953 (Empirisme et subjectivité) à 1968 (Spinoza ou le problème de l’expression). Deleuze ne parle pas encore à son compte, mais travaille sur des philosophes qui lui semblent excéder de toutes parts l’histoire de la philosophie : Hume, Bergson, Nietzsche et même Kant. Néanmoins, en 1969, s’ouvre pour lui une nouvelle période : c’est, presque simultanément, Différence et répétition et Logique du sens. Si le premier dissimule encore derrière une rigueur classique un contenu qui ne l’est déjà plus, le second, au contraire, composé en 31 séries, déborde largement les canons universitaires en cours à l’époque, avec son intérêt pour les petites filles et les schizophrènes, sa réflexion profonde sur le langage et la littérature. Des auteurs comme Klossowski, Gombrowicz, Lewis Carroll, et même James Joyce sont abordés, non plus comme des exemples étayant le discours du philosophe, mais pour eux-mêmes. Cependant la grande rupture se situe en 1972, avec L’Anti-Œdipe, qui ouvre une autre période, marquée par la collaboration du psychanalyste Felix Guattari. Ses livres, depuis cette date, se veulent être des machines dont les seuls critères sont : comment ça fonctionne, à quoi ça sert et à qui ? Autant dire que le problème n’est plus la circulation du sens, mais ce que Deleuze appelle l’effectuation pratique du multiple : non plus parler du multiple, mais le faire. Cette nouvelle exigence nécessite de fait (et en droit) une nouvelle écriture qui en appelle souvent à l’efficace du récit, bien plus qu’à celle du concept. L’œuvre de Gilles Deleuze a toujours eu comme visée de révoquer en doute une certaine image de la pensée. Ce que Deleuze appelle son modèle étatique ou sa forme-état. Ainsi dans l’un de ses premiers livres (Nietzsche et la philosophie, 1962), il distinguait déjà deux types de pensée, une philosophie de l’Être, pré-critique, et une philosophie de la volonté. Une philosophie de l’Être repose sur deux axes : d’abord celui de la représentation du Tout (Être suprême), comme horizon englobant. Puis celui d’une république des esprits libres. Le premier apportant à la philosophie l’efficacité magique d’une fondation et le second la sanction rationnelle du fondement. Les deux lui donnant ce modèle étatique que Deleuze, précisément, a entrepris de dissimiler : une république des esprits libres dont le Prince serait l’Être suprême. Dans une telle image de la philosophie, la pensée, attribut d’un sujet universel, sera l’impérieuse représentation du Tout. Il n’en est rien dans une philosophie de la volonté. Celle-ci nous apprend au moins une chose : c’est nous qui commandons. Dès lors il s’agira moins de retrouver, que de trouver. Car il n’y a plus de critères intrinsèques du vrai, niais simplement une volonté de vérité, qui vaudra ce qu’elle pourra. Sa “ valeur ” réside dans sa qualité affirmative ou négative. On ne doit pas dire cependant que l’affirmation s’oppose à la négation, elle en diffère plutôt. En effet l’affirmation n’est sous aucun rapport une négation ; Deleuze lui suppose seulement une “ ombre de négation ”, d’une autre nature que la négation elle-même. Ce sera l’éternel retour, commenté comme une épreuve initiatique, ne faisant revenir que ce qui affirme sa différence. La répétition est ainsi présentée comme l’épreuve et l’avènement même de la différence (cf. Différence et répétition, 1968). Il importe beaucoup de voir de quelle différence et de quelle répétition il s’agit, sous peine de manquer les enjeux. On en distingue d’ordinaire de deux ordres, une différence conceptuelle et me différence sans concept. La première se présente comme intrinsèque, interne à notre entendement (faculté des concepts), alors que la seconde, donnée dans l’ordre spatial et non dans l’ordre logique, est nécessairement extrinsèque en tant que reproduction de l’identique – plusieurs choses sous le même concept, ne différant que par leur position dans l’espace. Or ce concept de la différence et cette notion de répétition ne peuvent convenir à Gilles Deleuze, qui pense sauver la différence du point de vue de la répétition. La répétition n’est en effet reproduction de l’identique que si on veut bien la considérer de l’extérieur, dans la position royale d’un sujet universel et transcendant ; que si, au contraire, on consent à abandonner cette position de survol et à considérer le soi de la répétition, tout change. On doit dès lors penser une différence interne et cependant non conceptuelle. Car si on ne peut avoir l’expérience de cette différence pure, ni de ce fait la subsumer sous des concepts universels ou généraux, si donc elle reste toujours extrinsèque à notre entendement, on peut toujours aussi la comprendre comme intérieure à l’Idée. Il n’y a pas de connaissance stricto sensu de cette différence, bien qu’il y en ait une connaissance rationnelle. Car la différence comme telle n’est pas une donnée intuitionnable, elle serait plutôt ce par quoi le donné est donné (l’être du sensible), tout phénomène renvoyant à l’inégalité qui le conditionne et pour ainsi dire le signe. Ainsi le délire est toujours au fond du bon sens, et celui-ci toujours second. Une telle démarche qui est celle d’un “ empirisme transcendantal ” est constante chez Deleuze bien qu’elle ait varié depuis 1972. Dans Mille plateaux (1980), par exemple, Deleuze et Guattari posent le problème autrement, sans plus recourir à une articulation kantienne. Ils commencent par opposer deux types de mouvements, Celerilas et Gravitas, vitesse et lenteur ; ces deux mouvements ne sont pas différents du point de vue de la quantité : ce sont des incommensurables. Le mouvement grave est laminaire, il procède par striage de l’espace, d’un point à un autre, permettant ainsi d’exposer les coordonnées de n’importe quel point durant sa trajectoire. Au contraire un mouvement de célérité s’écarte même de très peu du striage, prenant ainsi une allure tourbillonnaire qui le distingue des forces gravifiques – même des plus complexes d’entre elles. Ces mouvements correspondent à deux types d’espaces, le lisse et le strié. Si le second est attaché à la permanence d’un point de vue fixe, d’où il s’agit de reproduire a posteriori les coordonnées du mouvement, selon le système de référence approprié, il n’en est pas de même du premier. Il s’agit en effet d’un espace d’une tout autre nature. Un espace où tout procède par devenir, dont le modèle est l’itinération et non plus l’itération ou la représentation, un espace enfin où il faut suivre les flux et les intensités, et surtout suivre leurs mouvements de contamination, leur répartition nomade. Donc suivre et non plus représenter. Évidemment tout ceci suppose un autre sujet que le cogito, un sujet non plus transcendant l’espace, mais engendré par lui, dans l’immanence, sujet ou plutôt véritable pseudopode. Comment, en effet, sur quel mode et par qui, est peuplé un espace lisse ? Un espace lisse est peuplé par des multiplicités intensives, nous le savons, mais comment et sur quel mode ? Ici entre en jeu l’hypothèse fondamentale du corps sans organes, cette hypothèse que nous a léguée Antonin Artaud, un poète, et sur laquelle, depuis longtemps déjà, travaillent Deleuze et Guattari. Le corps donc, souffrirait d’être toujours machiné, organisé, intégré à son propre système de régulation ; en secret, parait-il, il rêve de défaire son organisme, afin de retrouver cette soupe prévitale, perdue à jamais dans la chute fatale vers la différenciation, qui a tout remis en cause. Ainsi se constituerait une véritable machine de mort dirigée contre l’organisme, mais qui est aussi machine miraculante, surface d’enregistrement se rabattant sur ce qu’elle détruit et s’érigeant en quasi-cause de l’univers. Le corps sans organes a donc, d’emblée, non pas un mais deux modèles de fonctionnement, la répulsion et l’attraction. Toutefois, il existe bien une autre transformation physique d’énergie, qui à son tour va produire une autre machine, dite célibataire. En effet, les proportions d’attraction et de répulsion induisent ce que Deleuze et Guattari désignent comme une série d’écarts à partir de o, ou production immédiate de quantités intensives à partir de l’intensité = o du corps sans organes. Celui-ci est alors marquage des devenirs intensifs par lesquels passera un bien étrange sujet, changeant d’identité à chaque seuil franchi : “ Je suis tous les noms de l’histoire ” et aussi “ Je suis mon père, ma mère et ma sœur ”. Car, en effet, dans un espace lisse ou sur un corps sans organes, si la division est toujours possible, le divisé change de nature à chaque étape de la division et diffère ainsi continûment de lui-même. Il est donc impossible de maintenir le principe d’identité, l’entreprise de Deleuze consistant précisément à le déconstruire. Ainsi le multiple n’est plus attribué à un quelconque sujet universel, mais élevé au substantif : il devient, en dehors de tout assujettissement, le discontinuum des multiplicités nomades. Nous avions commencé par reconnaître en Gilles Deleuze un philosophe de la volonté. Il ne s’agit cependant chez lui en aucun cas d’une philosophie du sujet, dûment présenté dans l’autonomie de sa volonté ; le pôle du destinateur (ou de l’émission) n’est jamais privilégié comme tel. Il y a bien des quantités intensives comme éléments minima de la volonté, mais jamais elles ne pourront être attribuées à un sujet universel. Elles sont, comme on l’a vu, non assujetties, nomades ou libres. Aussi bien peut-on parler de philosophie des affects bien plus que d’une philosophie de la volonté proprement dite. Le singulier, comme domaine des intensités et des devenirs inouïs ne peut être en effet celui du sujet ; tous les devenirs sont non humains, toutes les intensités sont incommensurables avec le sujet supposé les éprouver. Autant dire que ce dernier apparaît nécessairement comme hétérogène. Reste évidemment un problème considérable, celui d’une philosophie du langage. Comment, en effet, rendre compte du langage dans une théorie des affects. Il y a, sur ce problème essentiel, deux grands livres, Logique du sens et Mille plateaux. Deleuze commence par reprendre à son compte la théorie stoïcienne du clivage de la relation causale. Il distingue ainsi deux ordres incommensurables, celui des causes et celui des effets. Le premier ressort du mélange des corps, de leur action et passion, le second au contraire renvoie à des événements-effets d’une autre nature que leurs causes : celles-ci sont des corps, ceux-là des incorporels. Ces derniers sont donc essentiellement langagiers, ou plutôt ils sont la condition extrinsèque mais nécessaire du langage. À la fois l’ “ exprimé ” d’une proposition et attribut d’un état de choses : on peut dire qu’ils n’existent pas hors des propositions, mais aussi qu’ils ne se réduisent nullement à leur nature langagière. Les événements-effets sont plutôt des transformations incorporelles s’attribuant à des corps : la sentence du magistrat fait ainsi du suspect, instantanément, un condamné. Mais cette transformation incorporelle est aussi l’ “ exprimé ” d’une proposition. Deleuze et Guattari présupposent en effet un rapport interne entre un énoncé et l’acte incorporel qui l’enveloppe nécessairement. Cela implique évidemment une remise en cause des modèles de la linguistique (information, communication). Tout énoncé sera dit “ redondant ” puisqu’il présuppose toujours un mot d’ordre ou acte incorporel ; sa fin ne sera plus dès lors d’informer ni même de communiquer, mais de transmettre des mots d’ordre. Quant à l’énonciation, elle n’est plus redevable à un sujet parlant, mais sociale de bout en bout. L’ “ agencement collectif d’énonciation ” dont parlent souvent Deleuze et Guattari n’est rien d’autre que l’ensemble réglé des transformations incorporelles s’attribuant à des corps dans une société donnée – il peut certes y avoir plusieurs machines sémiotiques de cet ordre dans une seule société. Même “ je ” ou la conscience de soi sont des résultats d’un tel agencement : ils sont simplement ces actes incorporels s attribuant à mon corps. Car il n’y a de discours direct que taillé au préalable dans du discours indirect – celui-ci étant comme “ la rumeur où je puise mon nom propre ”. L’agencement a ainsi deux versants ou deux faces, comme on voudra, agencement machinique, il travaille les corps et détermine leurs actions et passions, agencement collectif d’énonciation, il concerne les actes incorporels qui vont s’attribuer à ces corps et les transformer instantanément. Dans les deux cas vont jouer des seuils de déterritorialisation et de reterritorialisation, de vitesse et de lenteur, qui à leur tour composent ou décomposent l’agencement sur un même plan, surface plane, indéfinie, où les différenciations procèdent par accélération, ralentissement, sédimentation. Le langage ne peut donc être un système homogène, transcendant par rapport aux choses et aux affects : il doit se composer avec eux dans l’immanence, selon des vitesses et des lenteurs infiniment variables. On voit ainsi se dessiner ce que Deleuze et Guattari appellent leur formule magique, pluralisme = monisme, et qui est aussi la formule magique de toutes les philosophies de la volonté depuis Spinoza. l Empirisme et subjectivité, Paris, puf, 1953 ; Instincts et institutions, Paris, Hachette, 1953 ; Nietzsche et la philosophie, Paris, puf, 1962 ; La philosophie critique de Kant, Paris, puf, 1963 ; Marcel Proust et les signes, Paris, puf, 1964 ; éd. augmentée, Paris, puf, 1970 ; Nietzsche, Paris, puf, 1965 ; Le bergsonisme, Paris, puf, 1966 ; Présentation de Sader-Masoch, Paris, Éd. de Minuit, 1967 ; 1971, coll. “ 10/18 ” ; Différence et répétition, Paris, puf, 1969 ; Spinoza ou le problème de l’expression, Paris, Éd. de Minuit, 1969 ; Logique du sens, Paris, Éd. de Minuit, 1969 ; Spinoza, Paris, puf, 1970 ; Capitalisme et schizophrénie, en collaboration avec Félix Guattari, t. I : L’Anti-Œdipe, Paris, Éd. de Minuit, 1972 ; t. II : Mille plateaux, Paris, Éd. de Minuit, 1980 ; Dialogue, en collaboration avec Claire Parnet, Paris, Flammarion, 1977 ; Superpositions, en collaboration avec Carmelo Bene, Paris, Éd. de Minuit, 1979 ; Spinoza, philosophe pratique, Paris, Éd. de Minuit, 1981 ; Cinéma, I, Éd. de Minuit, 1983 ; Cinéma, II, Éd. de Minuit, 1985 ; Foucault, Éd. de Minuit, 1986 ; Qu’est-ce que la philosophie ? (avec Felix Guattari), Éd. de Minuit, 1991. ® M. Foucault, Theatrum philosophicum, Critique, 1970 ; J. F. Lyotard, Le capitalisme Énergumène, Critique, 1972, no 306 ; repris dans Des dispositifs pulsionnels, uge, 1973, “ 10/18 ” ; V. Descombes, Le Même et l’Autre, Paris, Éd. de Minuit, 1979 ; La revue L’Arc a consacré en 1972 un numéro à Gilles Deleuze (no 49). Pierre-François Marietti

  • Henri Bergson (auteur, Narrateur)

    Philosophe français, Henri Bergson est né à Paris le 18 octobre 1859, mort le 4 janvier 1941. Il est l'auteur entre autres de Essai sur les données immédiates de la conscience, Matière et Mémoire, Essai sur la relation du corps à l'esprit, Le Rire, Essai sur la signification du comique. L'Énergie spirituelle et L'Évolution créatrice.

  • Gaston Bachelard (auteur, Narrateur)

    Par Dominique LecourtProfesseur de philosophie à l’Université Paris VII – Denis-Diderot, où il dirige le Centre Georges Canguilhem   Gaston Bachelard (1884-1962) reste la figure emblématique majeure de l’épistémologie française. J’ai avancé, il y a plus de trente ans, l’expression d’« épistémologie historique » pour désigner, à son propos, la particularité de cette tradition liant étroitement la philosophie et l’histoire des sciences.   Légende républicaine, né à Bar-sur-Aube, d’abord employé des postes, il finit sa carrière comme professeur de philosophie à la Sorbonne après avoir enseigné avec passion la physique et la chimie au lycée. Directeur de l’Institut d’Histoire des Sciences, il est élu à l’Académie des sciences morales et politiques en 1955.   Philosophe Janus consacrant autant de temps à scruter les images et les métaphores de textes littéraires qu’à interroger les textes scientifiques sur leur philosophie, il élabore parallèlement une théorie de l’imagination poétique et une « poétique de la rêverie » qui lui valent une renommée internationale. L’eau et les rêves (1942) et L’air et les songes (1943) sont ses ouvrages parmi les plus traduits. Une doctrine métaphysique unit les deux versants de son œuvre. D’ascendance schopenhauerienne, de tonalité anti-bergsonienne, elle prend la forme d’une méditation sur la discontinuité du temps et s’expose dans L’intuition de l’instant (1932) et La dialectique de la durée (1936).   Le nouvel esprit scientifique (1934) se présente comme une réflexion sur la nouveauté essentielle des sciences mathématiques et physiques du début du XXe siècle. Géométries non-euclidiennes, théories de la relativité, mécanique ondulatoire et mécanique quantique invitent à repenser les bases métaphysiques de la pensée scientifique. Cette réflexion s’inscrit dans une perspective historique, pédagogique et psychologique, car Bachelard veut penser les rapports qu’instituent les nouvelles doctrines avec les anciennes.   La philosophie du non (1940) présente des analyses portant sur l’évolution de notions fondamentales de la physique ou de la chimie. Philosophe qui entend rester à « l’école des savants », il reprend ses analyses sur de nouvelles bases dix ans plus tard en tenant compte des développements les plus récents des sciences et de l’approfondissement de sa réflexion dans Le rationalisme appliqué (1949), L’activité rationaliste de la physique contemporaine (1951) et Le matérialisme rationnel (1953).   La Formation de l’esprit scientifique (1938) explore la dimension psychologique et pédagogique des leçons que l’on peut tirer des nouveautés scientifiques. On en retient un ensemble de thèses groupées autour de l’idée de « rupture épistémologique ». Les sciences s’établissent en rupture avec la connaissance que paraissaient prolonger les doctrines classiques du XVIIe au XIXe siècle. De là, les célèbres lignes : « Quand on cherche les conditions psychologiques du progrès, on arrive bientôt à cette conviction que c’est en terme d’obstacles qu’il faut poser le problème de la connaissance scientifique ». Il n’existe donc pas de vérités premières, « il n’y a que des erreurs premières ». L’esprit, quand il arrive devant la science, n’est pas jeune, « il a l’âge de ses préjugés ». Et, dans la connaissance scientifique, « rien n’est donné, tout est construit ». Bachelard résume en cette sentence que « Le réel n’est jamais ce que nous pourrions croire ; il est toujours ce que nous aurions dû penser ».   À l’aide d’exemples attrayants, il fait l’inventaire de ces obstacles : expérience première, substantialisme, animisme… Tirant les leçons de son expérience de professeur de sciences physiques, il montre comment ces obstacles s’enracinent dans des « complexes » inconscients. Il forme le projet d’une « psychanalyse de la connaissance objective ». Toute connaissance scientifique étant le résultat d’une rectification, laquelle suppose une « problématisation » des évidences, il considère que l’essentiel de la pédagogie dans les sciences consiste à introduire les élèves au « sens du problème ». La première réalisation de ce projet sera La psychanalyse du feu (1938), dont cependant il ne se satisfera jamais.   Cette philosophie ne se résume toutefois pas à ce noyau thématique. Elle comporte une thèse s’exprimant dans le Nouvel esprit scientifique : « La science crée de la philosophie », puis de façon polémique et programmatique dans La philosophie du non : « Le philosophe croit que la philosophie des sciences peut se borner aux principes des sciences, aux thèmes généraux… ». Mais il est bien plus intéressant de « retracer la vie philosophique des notions » en étudiant « les notions philosophiques engagées dans l’évolution de la pensée scientifique ».   La philosophie des sciences apparaît ainsi comme interne aux sciences. Il revient aux philosophes de l’expliciter et de s’engager dans son mouvement, au risque de bousculer toutes les doctrines élaborées à propos de la connaissance (rationalisme, réalisme, positivisme, idéalisme…). Bachelard récuse ainsi les oppositions sur lesquelles ont tablé les théories modernes de la connaissance. À suivre la dialectique à l’œuvre dans le travail des physiciens, par exemple, on ne rencontre jamais en effet le supposé face à face d’un sujet et d’un objet, de l’abstrait ou du concret, de l’esprit et de la matière… L’objet n’est jamais qu’objectivation, le réel que réalisation et le sujet que subjectivation. Ce qui importe, c’est le mouvement.   Sa réflexion épistémologique s’applique aux questions débattues dans la « cité scientifique ». Sa philosophie est ouverte et doit se remanier avec le renouvellement de la pensée scientifique et de ses conditions. Cette philosophie ainsi engagée dans le mouvement des sciences est une vraie philosophie des sciences. En s’appliquant, le rationalisme se fait « régional », respectant la diversité des formes de la rationalité.   Aux interrogations sur le réel, sur le déterminisme, sur l’espace ou le temps, s’ajoutent celles que suscite la physique des grands instruments (Big science) et, prévoit-il en 1940, celles que susciteront les sciences biologiques dès lors que les philosophes voudront bien prendre en considération que la « causalité formelle, si méconnue, si légèrement rejetée par les réalistes, pourrait être étudiée dans un esprit philosophique nouveau ».   Avant-guerre, il soutenait contre les positivistes que si « l’esprit peut changer de métaphysique, il ne peut se passer de métaphysique ». Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il fait porter l’accent de ses analyses sur la production des phénomènes dans les laboratoires, sur la structure rationnelle de l’expérimentation et la transformation, dans la « cité scientifique », du rationalisme en co-rationalisme.   Cette conception demande aux philosophes d’acquérir une formation scientifique suffisante pour juger des notions philosophiques à l’œuvre dans la science en train de se faire. Elle affirme de surcroît « l’actualité de l’histoire des sciences », en tant que cette histoire offre un matériau indispensable pour dégager les ressorts philosophiques de la conceptualisation scientifique. Cette histoire a ceci de particulier qu’elle juge son passé et procède par récurrences. Et de ces jugements, l’esprit peut tirer quelque leçon de liberté.   On a souvent affirmé que les philosophes français des sciences ont « ignoré » les développements du positivisme logique. Ils ont en réalité refusé l’essentiel de la doctrine en connaissance de cause.   Le premier désaccord concerne le statut de la logique. Dans son opuscule Sur la logique et la théorie de la science (1942), Jean Cavaillès (1903-1944) s’en prend à ce qu’il appelle le « logicisme empiriste » de Rudolf Carnap (1891-1970) selon lequel « les mathématiques n’ont pas de contenu propre de connaissance ». Bachelard l’approuve et préface l’édition posthume en s’appuyant sur Edmund Husserl (1859-1938) et Ferdinand Gonseth (1890-1975). La logique ne saurait être à ses yeux que seconde par rapport au mouvement inventif des mathématiques lui-même engagé dans le développement des sciences physiques. Or, c’est un thème constant de Bachelard depuis l’Essai sur la connaissance approchée (1928) que les mathématiques ne sauraient être conçues comme un langage bien fait. Si l’on peut succomber à l’illusion que l’esprit scientifique « reste au fond le même à travers ses rectifications les plus profondes », c’est qu’« on n’estime pas à sa juste valeur le rôle des mathématiques dans la pensée scientifique… ». L’essence des mathématiques tenant dans leur puissance d’invention, elles apparaissent comme l’élément moteur du dynamisme de la pensée scientifique, mais ne sauraient être réduites au statut de simple langage exprimant des faits d’observation.   Deuxième désaccord : l’accent mis, non sur l’observation, mais sur l’expérimentation. Les observations du type « lectures d’index » que Carnap utilise pour défendre son physicalisme premier n’ont, pour Bachelard, aucune valeur scientifique. Cela dit, les objets qu’explorent les sciences physiques ne sont point des « choses ». Ils ne sont point naturels, mais artificiellement créés à des fins de connaissance. Et les instruments doivent être considérés, non comme des outils perfectionnés, mais comme des « théories matérialisées », dont le degré de précision doit être ajusté à l’objectif de la recherche.   L’énoncé : « La science crée de la philosophie » définit ainsi un type original de philosophie des sciences et se signale par son ambition de dégager la philosophie à l’œuvre dans la science en train de se faire, à la lumière de l’histoire dont elle doit assumer l’héritage. Retentissant dans l’ensemble de la culture et stimulant la dynamique intellectuelle de chacun, cette philosophie se veut, mieux que les existentialismes contemporains, école de liberté.
  • Raymond Aron (auteur, Narrateur)

    Né à Paris en 1905, mort en 1983, Raymond Aron, fut le condisciple de Jean-Paul Sartre et Paul Nizan à l’École normale supérieure. Agrégé de philosophie, Docteur ès lettres, il fut Professeur à l’ISP et à l’ENA, professeur de sociologie à la Sorbonne, directeur d’études à l’EPHE et professeur au Collège de France. Sa carrière journalistique débuta en 1940, lorsqu’il assure la rédaction en chef de France Libre à Londres. Il fut ensuite éditorialiste à Combat, puis au Figaro, avant d’entrer à L’Express. De son premier ouvrage, paru en 1935, à ses Mémoires, son œuvre immense a marqué toute une époque.


  • Louis Althusser (auteur, Narrateur)

    Louis Althusser (1918-1990), diplômé de l'École normale supérieure, " caïman " à l'École de la rue d'Ulm, a enseigné la philosophie. Sa pensée a transformé l'analyse de l'œuvre de Marx. Il dirigea la collection " Théorie " aux Éditions Maspero. Il a notamment publié Philosophie et philosophie spontanée des savants (1974) et Positions (1976). Certaines de ses œuvres ont également été publiées de manière posthume : Écrits sur la psychanalyse (1993) et Écrits philosophiques et politiques 1 et 2 (1994, 1995).

Auteur(s) : Henry Corbin, Jean-Paul Sartre, Maurice Merleau-Ponty, Gabriel Marcel, Jean-François Lyotard, Emmanuel Lévinas, Alexandre Koyré, Vladimir Jankélévitch, Étienne Gilson, Michel Foucault, Jean-Toussaint Desanti, Gilles Deleuze, François Châtelet, Michel de Certeau, Georges Canguilhem, Henri Bergson, Gaston Bachelard, Raymond Aron, Louis Althusser

Caractéristiques

Editeur : Frémeaux & Associés

Auteur(s) : Henry Corbin, Jean-Paul Sartre, Maurice Merleau-Ponty, Gabriel Marcel, Jean-François Lyotard, Emmanuel Lévinas, Alexandre Koyré, Vladimir Jankélévitch, Étienne Gilson, Michel Foucault, Jean-Toussaint Desanti, Gilles Deleuze, François Châtelet, Michel de Certeau, Georges Canguilhem, Henri Bergson, Gaston Bachelard, Raymond Aron, Louis Althusser

Publication : 24 novembre 2020

Intérieur : Noir & blanc

Support(s) : Livre audio [WEB]

Contenu(s) : WEB

Protection(s) : Aucune (WEB)

Taille(s) : 805 octets (WEB)

Langue(s) : Français

Code(s) CLIL : 3133

EAN13 Livre audio [WEB] : 3561302850634

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