L'affaire des parachutés de Limoges

Aventure peu commune, que celle de Louis Pasthier ! Cet officier, fait prisonnier par les Allemands en juin 1940, avait appris que sa femme sombrait dans la dépression nerveuse. Il crut avoir découvert le moyen de la rejoindre, lorsque les Allemands lui proposèrent, en septembre 1944, de diriger une équipe qui, une fois parachutée en France, y accomplirait une mission à leur profit. Avec habileté, il parvint à convaincre ses geôliers de procéder au parachutage à proximité de sa propriété. Après quelques heures de vol, il ne lui faudra pas plus d’un quart d’heure de marche pour retrouver sa femme ! Mais, en France, avec la Libération, est venu le temps des règlements de compte. Un ancien camarade d’enfance l’accusera d’avoir eu - avant guerre - des sentiments pro-allemands et, après une instruction bâclée et sabotée, tous les membres de l’équipe seront condamnés à mort le 23 mars 1945. Lorsque Pasthier sortira du bagne, en 1951, après avoir échappé par miracle au peloton d’exécution, ce sera pour constater que son foyer est à jamais détruit. Est-ce parce qu’un député socialiste, un chef de la BST, deux magistrats sont compromis, que Pasthier n’a pu obtenir la révision de son procès après presque un demi-siècle de démarches incessantes ? Toujours est-il que l’intervention de Résistants et de personnalités de tous bords n’aura pas raison de ceux qui veulent étouffer le scandale. Pasthier n’a pas voulu, dans cet ouvrage, se livrer à un plaidoyer pro domo, fort ennuyeux pour qui cette affaire ne concerne pas. Il se contente de livrer au public la masse incroyable de documents, que son combat vieux de quarante ans lui a permis de réunir. Quelle mine inépuisable de renseignements pour l’historien ! Car, lorsque Pasthier, aujourd’hui octogénaire, raconte avec humour les histoires que lui narrait son grand-père, c’est plus d’un siècle d’Histoire de France qui défile, tout au long de ces pages écrites d’une main sûre.