La fille de minuit

C’est ici le drame de l’inadaptation à rebours. Enfant de Lapons nomades, Anna-Maj a été éduquée dans les écoles suédoises, elle a connu la vie brillante des grandes villes et leur attrait. Elle s’y est éveillée à l’amour. Que ses parents la rappellent dans le Nord, la contraignent à reprendre l’existence primitive du clan, veuillent, selon la tradition, la marier à un homme de sa race, et voilà posées les prémices du drame qui déchirera Anna-Maj. Pour échapper à la fatalité, la jeune fille lutte jusqu’à l’épuisement. Elle va même jusqu’à tuer en elle le germe de l’homme haï, ce Pär Luokmok qu’on lui destine pour époux. Mais, ayant fui les siens, Anna-Maj pourra-t-elle se fuir elle-même, et retrouver dans une nouvelle pureté l’amour de Stén, son « fiancé » de Stockholm ? Ou l’implacable destin ne la poussera-t-il pas, au moment où tout pourrait encore être sauvé, dans l’impasse du suicide ? Tel est le thème pathétique de ce roman qui, baignant dans la nostalgique lumière des paysages lapons, se trouve être, au surplus, un vivant document sur les Lapons nomades. En un style coloré et vif, Pierre Demeuse a su restituer, autour d’une action intensément poignante, la beauté de la terre lapone et sa sauvagerie encore préservée.