La femme de Sisyphe

Une femme médecin, après avoir publié un article, reçoit une lettre d’un psychanalyste inconnu, qui l’interroge sur « ce que veulent les femmes » La question plaît à A.M. Hirsch, le ton de la lettres aussi. Une longue correspondance alors s’engage ; elle durera quatre ans (les plus significatives des lettres échangées forment l’essentiel de cet ouvrage). Partie du thème masculin/féminin, elle glisse insensiblement vers une psychanalyse, dans laquelle A.M. Hirsch s’engage totalement : mariée à un homme remarquable, mais profondément perturbé par un destin qui le hante, elle cherche, bien sûr, à se connaître elle-même, mais plus encore à aider celui qu’elle aime, à le sortir de son cauchemar : ainsi la femme de Sisyphe, la déesse Méropé, n’avait pas hésité à s’engager totalement dans l’aventure humaine pour sauver son époux des Enfers. Parallèlement, entre les deux correspondants, une amitié vraie va naître, à laquelle « Sisyphe », le mari, s’intégrera bientôt. Mais vient le moment où le transfert est vécu dans une sorte de panique. D’étranges phénomènes entraînent brutalement trois personnages vers des réactions archaïques, passionnelles, destructrices. Et c’est par un effort immense que les acteurs de ce drame réussiront à en sortir indemnes. « Je me suis gagnée », écrit A.M. Hirsch. Qui sait, pourtant, que rien, jamais, n’est gagné définitivement. Qu’il faudra recommencer, s’entêter — jouer un tour au rocher, en quelque sorte. Mais après tout, selon la formule d’Albert Camus, pourquoi n’y aurait-il pas, un jour, un Sisyphe heureux ?