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Résumé

La contemplation du Carton de Londres de Léonard de Vinci, La Vierge et l’Enfant avec saint Jean-Baptiste et sainte Anne, incite l’analyste à rechercher ses effets inducteurs sur les fantasmes inconscients de qui le regarde. D’une exceptionnelle beauté, l’œuvre rappelle irrésistiblement La Vierge, sainte Anne et l’Enfant du Louvre, sujet de la célèbre étude de Freud, Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci. Ce fusain, qui ne donnera jamais naissance à une œuvre peinte, comporte des traces significatives d’inachèvement. A ce titre, il aurait dû retenir l’attention de Freud qui se proposait précisément d’éclairer les raisons des inhibitions tant artistiques que sexuelles de Léonard. Or l’examen du Carton sans postérité permet de penser que l’inhibition, en ce cas, s’expliquerait parce que l’œuvre en dirait trop sur les structures subjectives et, tout particulièrement, sexuelles, du peintre. Le Carton illustre ce que Freud expose sur les théories sexuelles infantiles ; le regard d’André Green restitue ici au fusain toute sa valeur esthétique et sa force symbolique. Freud est passé à côté de ce qui aurait pu servir sa démonstration, tandis qu’il devait gravement se compromettre par des erreurs incompréhensibles. Ainsi Léonard, en abandonnant le Carton inachevé, laisse penser qu’il a pu le désavouer ; et Freud, en se trompant sur le souvenir, donne à ceux qu’il veut convaincre des raisons de discréditer ses thèses sur Léonard et, par extension, de désavouer la psychanalyse. Tel est le risque pris par tous ceux qui approchent de trop près une vérité qui ne peut, même affirmée, qu’être suggérée : celui qui réussit à son insu à la représenter trop clairement se détourne de ce qu’il pressent avoir dévoilé, qui aurait dû rester recouvert, et celui qui, l’ayant découverte en pensée, la rencontre figurée, recule devant sa matérialisation comme devant une « réalisation hallucinatoire du désir », trop belle pour être crue.

Auteur

  • André Green (auteur)

    Par Françoise Coblence     Depuis Un œil en trop. Le complexe d’Œdipe dans la tragédie (Minuit, 1969) jusqu’à Sortilèges de la séduction. Lectures critiques de Shakespeare (Odile Jacob, 2005), depuis Le discours vivant. La conception psychanalytique de l’affect (PUF, 1973 ; réédition en poche « Quadrige », 2004) jusqu’aux ouvrages récents publiés sous sa direction et portant sur les « voies nouvelles » que la psychanalyse est amenée à prendre pour tenir compte des questions auxquelles elle est confrontée aujourd’hui, le travail d’André Green n’a cessé de tenir ensemble les questions cliniques les plus actuelles et celles posées par la littérature et la culture depuis l’Antiquité grecque.   André Green est particulièrement soucieux d’interroger le renouvellement de la pratique psychanalytique depuis Freud, de montrer quelles variations la cure classique a été amenée à connaître. Pourquoi ces variations ? André Green part du constat que les principes de la cure ont été dégagés par Freud aux lendemains de la Première Guerre mondiale. Depuis un siècle, la psychanalyse a connu une évolution liée à la réflexion de certains penseurs et aux changements des paradigmes sociaux et cliniques. Pour André Green, la théorie doit nécessairement passer aujourd’hui, outre la lecture de Freud et une attention particulière au tournant des années 1920, par les apports de Ferenczi, Winnicott et Bion. Après Idées directrices pour une psychanalyse contemporaine (PUF, 2002), André Green revient sur ces changements dans un ouvrage qu’il a dirigé et qui constitue une véritable somme théorique et clinique : Les voies nouvelles de la thérapeutique psychanalytique. Le dedans et le dehors (PUF, 2006). Ce dernier ouvrage montre au mieux les différentes facettes de l’apport d’André Green à la pensée psychanalytique et à sa clinique, et sa capacité à rassembler les expériences marquantes. On y trouve ses réflexions autour du Freud des dernières années, celui qui introduit la pulsion de mort pour rendre compte de ce qui, en permanence, vient délier ce qu’Éros a réussi à lier.   Ce thème est également traité spécifiquement par Green dans un ouvrage intitulé Pourquoi les pulsions de destruction ou de mort ? (Éditions du Panama, 2007). Le désenchantement de Freud, essentiel aux yeux de Green, n’est pas séparable des modifications de la culture et de celles apportées à la clinique. Ces dernières tiennent aussi à la prise en compte et au traitement d’un nouveau type de patients, ni névrotiques, ni psychotiques, nommés par Green « cas-limites » (voir La folie privée. Psychanalyse des cas-limites, Gallimard, 1990), chez qui prédominent les mécanismes de clivage et la porosité des frontières du Moi. Ces changements conduisent aujourd’hui les psychanalystes à recourir plus souvent au face à face et à introduire des infléchissements dans la technique et des variations de cadre. Désormais, écrit Green, « l’idée s’impose qu’analysant et analyste collaborent tous deux à la constitution du processus. […] La psychanalyse cesse de ne concerner que le dedans. Elle s’occupe aujourd’hui plutôt des rapports entre le dedans et le dehors ». De nombreux exemples cliniques de ces nouvelles pratiques sont donnés, avec les réflexions théoriques qui concernent les nouveaux champs d’investigation de la psychanalyse actuelle, aux confins du somatique, dans des cas extrêmes (psychose et folie, anorexie et boulimie, autisme). Green y montre l’importance de faire dialoguer les psychanalystes au travail, et la fécondité de ces discussions. Il en avait déjà donné la preuve par le dialogue de psychanalystes français issus de différents courants (Le travail psychanalytique, PUF, 2003). L’un des objectifs d’André Green est aussi de faire dialoguer la psychanalyse avec les sciences contemporaines : biologie et linguistique, notamment (voir Autour de l’œuvre d’André Green. Enjeux pour une psychanalyse contemporaine, sous la direction de F. Richard et F. Urribarri, PUF, 2005). Dans Les voies nouvelles de la thérapeutique psychanalytique, ce sont la plupart des grands noms de la communauté internationale qui apportent leur contribution à la réflexion sur le renouvellement de la théorie et de la pratique psychanalytiques.   Il faut ajouter que, parallèlement à ces réflexions sur la théorie et la clinique analytiques, André Green n’a jamais cessé de puiser son inspiration dans la littérature et d’éclairer certains aspects de la culture. Proust, Shakespeare, Conrad, Borges sont quelques-uns des auteurs qui ont suscité en lui des « mouvements affectifs » et des « processus de reconnaissance » permettant un éclairage mutuel de la littérature et des processus inconscients. Un bel exemple en est donné dans La lettre et la mort (entretiens avec Dominique Eddé, Denoël, 2004). Il montre que la littérature, qui avait été pour Freud une source de découverte de la nature de l’inconscient, ne cesse également de nourrir, conjointement à la clinique, la réflexion d’André Green.

Auteur(s) : André Green

Caractéristiques

Auteur(s) : André Green

Publication : 1 janvier 1992

Intérieur : Noir & blanc

Support(s) : Livre numérique eBook [PDF]

Contenu(s) : PDF

Protection(s) : Marquage social (PDF)

Taille(s) : 36,6 Mo (PDF)

Langue(s) : Français

Code(s) CLIL : 3668, 3667

EAN13 Livre numérique eBook [PDF] : 9782402613521

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