La nuit attelle ses chevaux

J’ai aimé « La nuit attelle ses chevaux », ce livre qu’on lit d’un trait et qu’on a aussitôt envie de relire, conquis par le charme tendre et discret que diffuse l’histoire. Une histoire « toute simple, banale » prétendra Patrick, le héros, au début du récit, ignorant encore qu’au seuil de l’adolescence, il entrera de plain-pied dans une ère nouvelle, pour un apprentissage tumultueux des règles de la vie. Dès « les harpes de fer » franchies, sa vie désormais sera celle d’un élève interne, en proie aux joies et aux désillusions que procure le cortège des jours, tandis que les événements rituels se bousculent autour de personnages hauts en couleur et pittoresques, grotesques ou émouvants. Et nous les reconnaissons, ces figures du temps passé, bienveillants fantômes qui hantent toujours nos mémoires : ces professeurs aux manies ridicules, ce vieux prêtre débonnaire, ce médecin de jadis au diagnostic immuable… Tous ces êtres familiers peuplent des lieux que vous reconnaîtrez également sans peine : le lycée morose, les rues de Bordeaux, les bords de la Garonne, le Bassin d’Arcachon : autant d’espaces magiques qui favoriseront « l’éveil » de Patrick.