Les Vies perpendiculaires d'Isidore d'Arnica

— Déclinez nom, prénoms, date de naissance et numéro d’insécurité asociale je vous prie, dit le type qui avait dû travailler longtemps dans l’administration et qui se penchait au-dessus de John. Il tenait en laisse deux impressionnants pékinois des babines desquels giclaient des flots de bave écumeuse. John se releva lentement pour tâcher de ne pas effrayer les cerbères qui grognaient, exhibant cruellement leur luisante dentition. — Mais… fit John en sommeil héberlué ! — Mais quoi, dit le type ? — Que m’est-il arrivé ? — Vous avez tout bonnement reçu une dose de gaz ax2 + bx + c dans le nez parce que vous n’avez pas lu jusqu’au bout l’écriteau qui informait du péril qu’il y a de venir chez moi quémander, démarcher, cambrioler, piller, faire la manche, pique-assietter. Voyez que je ne prends pas en traître ! — Mais je viens de la part d’André Player pour le dentier, expliqua John en présentant sa carte d’identité. — Dédé ! Ça change tout. Entrez donc Monsieur… Monsieur comment ? — C’est marqué là, s’en-mauvaise-humeura John en désignant la carte d’identité. — Euh, mais bien sûr, Monsieur le Préfet ! — Non, ça c’est le gars qui m’a délivré la carte. Mon nom est juste au-dessus de la photo. De la Fontaine, John, Humphrey, Marcel, Enguerrand.