D'un regard oubliable, pour qu'il soit

Cet ensemble contient des poèmes inédits, écrits entre 1958 et 1974.Mais c'est en 1940, que Iaroslav Serpan a commencé à peindre et à écrire. En 1946, il collabore avec Yves Bonnefoy à la publication du dépliant « La Révolution la nuit » ; il donne des poèmes dans les revues « Les quatre vents », « Les deux sœurs », « Phases ». Il participe activement à l'Exposition surréaliste internationale, en 1947, à la galerie Maeght. Quitte, aussitôt après, le mouvement surréaliste. Fonde, en 1950, avec Max Clarac-Sérou et Édouard Jaguer, la revue « Rixes ».Bientôt Iaroslav Serpan se consacre à la peinture. Il est l'un des pionniers de l'Abstraction lyrique en Europe : premières peintures gestuelles exposées dès 1949, à Paris, De 1967 à 1972, travaux de « sculpture d'environnement ». Fin 1972, il revient à la peinture. Son travail vise alors à proposer un discours s'articulant sur une sorte de non-figuration descriptive, souvent en forme d'inventaire athématique, ou de saisie d'événements non identifiables (référence « Narrations sans histoires »). Divers rappels de situations et d'objets concrets, sont occasionnellement incorporés dans cette représentation (référence « Natures presque mortes »).D'un regard oubliable, pour qu'il soit reste fidèle aux tables en jeu de la Loi surréaliste : images reines, débauche de l'imaginaire, formules de haute volée. On y note une satire brutale de tout ce qui aliène les possibles de l'homme, et une ivresse quasi fabuleuse devant l'amour. Le poète nous donne d'éclatantes leçons de liberté, intérieure avant tout. Il s'interroge, non sans « effroi », sur le langage. Il pèlerine vers l'origine et la source de nos malaises et de tous les germes de notre espoir, dans un « inventaire de l'Essentiel ». Pour lui, le sacré paraît s'être réfugié dans la Parole.Né en juin 1922, à Prague, Iaroslav Serpan, Français d'origine russe, Docteur ès sciences, a été chargé de cours à l'Université de Paris VII (biologie cellulaire).Il a publié un recueil de poèmes, « Contre-espace » (éd. Fronts-Communs, 1951). A illustré « Novalis », fait des travaux de décoration murale.Iaroslav Serpan était aussi un alpiniste passionné d'escalades et de randonnées solitaires, principalement dans les Pyrénées. C'est en montagne qu'il a disparu, durant l'été 1976.