Gen est un voleur. Pas n’importe lequel. Il l’affirme haut et fort, dans toutes les tavernes de la cité de Sounis : il peut tout voler, même le sceau royal directement dans les appartements du roi. Ce qu’il oublie de préciser, c’est que cette fanfaronnade lui a valu la prison. Et c’est là que débute Le Voleur, premier tome d’une saga de six romans, écrite par Megan Whalen Turner, saluée pour sa maîtrise des intrigues politiques et sa construction d’univers nuancés et immersifs.
Mais comme tout voleur digne de ce nom, Gen n’est jamais à court de ressources. Lorsqu’un mystérieux conseiller royal, surnommé simplement le mage, vient le sortir de sa cellule pour lui proposer une mission dangereuse en échange de sa liberté, le jeune homme accepte à contrecœur. Ce qu’il doit voler cette fois ? Une relique légendaire, dont la possession pourrait décider du destin de tout un royaume.
Un héros hors des sentiers battus
Ce qui distingue immédiatement Le Voleur des autres romans de fantasy, c’est son narrateur. Gen est tout sauf un héros traditionnel : arrogant, provocateur, rusé, souvent insupportable, mais diablement intelligent. Sa voix, sarcastique et imprévisible, porte tout le récit et donne au roman une tonalité unique.
Derrière ses bravades, Gen cache une intelligence stratégique redoutable, et surtout, une capacité à déjouer les attentes — celles des personnages comme celles du lecteur. Car dans ce roman, rien n’est tout à fait ce qu’il paraît. Et Megan Whalen Turner sait brillamment jouer avec les non-dits, les retournements et les faux-semblants.
Un univers inspiré du monde byzantin
Loin des codes médiévaux classiques de la fantasy, Le Voleur se déroule dans un monde fictif mais profondément influencé par la culture, les paysages et la politique de la Méditerranée antique et byzantine. Trois royaumes — Sounis, Eddis et Attolie — se partagent un territoire instable, pris en étau entre de puissants empires continentaux aux ambitions colonisatrices.
Dans ce contexte tendu, la quête de Gen pour une relique mythique prend une dimension hautement politique. Le vol devient un acte de pouvoir, un levier diplomatique, une arme cachée dans une partie d’échecs entre royaumes.
Le voyage est également l’occasion d’une immersion dans un monde de montagnes, de temples oubliés, de croyances anciennes et de tensions latentes. L’autrice dresse un univers riche sans surcharger le lecteur de détails superflus, laissant le décor s’épanouir naturellement au fil de l’intrigue.
Une intrigue subtile et pleine de rebondissements
Ce premier tome pourrait sembler, au départ, reposer sur un schéma classique : une quête, un groupe disparate, un objectif lointain. Mais très vite, Megan Whalen Turner renverse les codes : les vraies motivations se dévoilent lentement, les relations évoluent en profondeur, et les retournements de situation sont parfaitement maîtrisés.
L’autrice prend son temps pour construire son monde, ses personnages et les liens entre eux. Et c’est justement cette lente montée en tension, cette façon de semer des indices et de laisser le lecteur dans l’illusion, qui rend la lecture si satisfaisante.
La dernière partie du roman, en particulier, éclaire l’ensemble du récit d’une lumière nouvelle. Sans rien révéler, disons simplement que Gen est encore plus surprenant qu’on ne le pensait.
Une saga prometteuse pour les amateurs de fantasy intelligente
Le Voleur s’adresse autant aux jeunes adultes friands d’aventures qu’aux lecteurs exigeants de fantasy politique. À travers un héros atypique et un monde aussi beau que dangereux, Megan Whalen Turner propose une lecture aussi divertissante que subtile.
Ce premier tome pose les bases d’une saga prometteuse, où les choix individuels influencent l’équilibre fragile d’un monde en mutation, et où la ruse, bien plus que la force, détermine le sort des royaumes.
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