Tout devait être parfait. Le château de Valençay, joyau historique du Berry, s’apprêtait à accueillir le prestigieux prix Antonin-Carême, événement incontournable de la haute pâtisserie française. Macarons, religieuses, et autres merveilles sucrées devaient briller sous les ors du patrimoine… jusqu’à ce qu’un crime vienne glacer l’ambiance.
Dans Chou fatal, Élisabeth Segard revient avec une nouvelle enquête de Violette Laguille, héroïne attachante au flair aiguisé et à l’humour pince-sans-rire. Emmenée presque malgré elle dans un week-end gastronomique par la tonitruante Claudine Imbert — mairesse de Mouy-sur-Loire et cousine d’un régisseur du château — Violette se retrouve une fois de plus là où il ne faut pas, au moment où il ne faut pas. Sauf que pour elle, résoudre une énigme, c’est un peu comme réussir un soufflé : une question de précision et de patience.
Et cette fois, l'ingrédient fatal pourrait bien être le cyanure…
Cosy crime à la française : quand la gourmandise mène à l’empoisonnement
Le cadre est idyllique : un château classé, un concours de pâtisserie renommé, des chefs venus des quatre coins du pays… Mais dans cette atmosphère nappée de sucre et de vanille, l’arrivée de la mort est d’autant plus brutale. Un des organisateurs, personnage particulièrement antipathique, est retrouvé mort, empoisonné. Rapidement, les soupçons se multiplient : qui aurait voulu le faire taire ? Et surtout, qui avait accès aux fameuses pâtisseries du concours ?
Élisabeth Segard excelle dans l’art du cosy crime, ce sous-genre du polar qui mêle suspense, légèreté, humour et atmosphères chaleureuses. À la manière d’Agatha Christie ou de M.C. Beaton, elle crée un univers familier, peuplé de personnages hauts en couleur, où les apparences sont souvent trompeuses.
Violette Laguille : détective par instinct (et par agacement)
Violette n’a rien d’un agent de la police. Elle n’a ni insigne, ni formation, ni arme. Ce qu’elle a, en revanche, c’est une intuition redoutable, une curiosité tenace et un certain talent pour dénouer les fils d’affaires embrouillées. Et dans Chou fatal, elle est plus que jamais sollicitée : entre une gendarmerie débordée, une mairesse très pressée, et une brochette de suspects plus ou moins sucrés, il va falloir faire preuve de méthode.
Mais Violette, récemment marquée par des épreuves personnelles, voit aussi cette enquête comme un moyen de se reconnecter à elle-même. Dans le cadre feutré du château, entre les douceurs du concours et les tensions dissimulées, elle redécouvre peu à peu son énergie — et son mordant.
Entre crème pâtissière et faux-semblants : les dessous pas si sucrés du monde culinaire
Derrière les dorures du château et les vitrines de choux impeccables, Élisabeth Segard brosse un portrait acide du monde de la haute gastronomie. Compétition féroce, rivalités anciennes, ego surdimensionnés, trahisons discrètes… Dans ce microcosme, chaque chef cache ses secrets, chaque concurrent a ses rancunes, et la réussite se paie souvent au prix fort.
L’autrice n’épargne rien ni personne : tout le monde a quelque chose à cacher, y compris ceux qui semblent irréprochables. Et c’est dans les détails, les gestes anodins, les lapsus, que Violette traque la vérité.
Une lecture aussi savoureuse qu’intrigante
Chou fatal ravira les amateurs de polars à l’ambiance douce-amère, ceux qui aiment les intrigues bien ficelées, les personnages attachants, et les décors soignés. Élisabeth Segard y prouve une nouvelle fois son talent pour mêler légèreté narrative et vraies énigmes policières, tout en dressant un tableau malicieux de la société française.
Entre humour, mystère, et clins d’œil gastronomiques, ce polar est une friandise littéraire qui se dévore d’une traite — sans risque d’indigestion, malgré le cyanure.
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