Depuis plus de 60 ans, le concile Vatican II continue de nourrir débats, incompréhensions et interrogations. L’élan qu’il a voulu insuffler à l’Église n’a pas toujours été perçu clairement par les fidèles, ni traduit dans les actes avec cohérence. C’est pour éclairer ce flou persistant et raviver le cœur de la mission chrétienne que Mgr Marc Aillet publie L’Église face au monde moderne, une réflexion profonde, incarnée, et résolument tournée vers l’annonce du salut.
Dans un contexte de sécularisation accélérée et de relativisme ambiant, la question de la place de l’Église dans le monde contemporain devient plus pressante que jamais. Que signifie être chrétien aujourd’hui ? Faut-il s’adapter au monde ou l’interpeller ? Que veut dire évangéliser à une époque qui semble de plus en plus indifférente à Dieu ?
Le Concile Vatican II, un appel à la mission
Mgr Aillet revient d’abord à la source : les textes du Concile. Trop souvent réduits à une modernisation superficielle de l’Église, ces documents — notamment Lumen gentium et Gaudium et spes — sont en réalité traversés par une ardente conviction missionnaire. Il ne s’agit pas de faire de l’Église une ONG morale, mais de rappeler sa vocation première : annoncer le Christ, mort et ressuscité, au cœur du monde, sans compromis sur la vérité.
L’évêque de Bayonne s’appuie aussi sur Evangelii nuntiandi, l’exhortation apostolique de Paul VI (1975), qui relie étroitement foi vécue et témoignage. L’évangélisation ne se limite pas à des mots ou des projets pastoraux, elle est un mode de vie, un élan intérieur qui pousse chaque baptisé à témoigner de l’amour de Dieu dans ses relations, son travail, ses choix quotidiens.
Une Église parfois divisée, mais unie dans sa mission
Le diagnostic posé par Mgr Aillet est lucide : dans les rangs mêmes de l’Église, les postures divergent. Certains adoptent une approche trop consensuelle, au risque de diluer le message de l’Évangile. D’autres se replient dans une posture défensive, nostalgique ou méfiante face au monde.
Mais l’auteur rappelle que le défi n’est pas d’abord institutionnel ou stratégique : il est spirituel. C’est le cœur de chaque chrétien qui est appelé à être renouvelé. Une Église vivante n’est pas une Église qui plaît, mais une Église qui rayonne par sa fidélité au Christ.
Une voix engagée, enracinée dans l’expérience
Loin d’être un théologien abstrait, Mgr Aillet écrit avec l’autorité d’un pasteur de terrain. Organisateur régulier de missions d’évangélisation de rue, il connaît la réalité du dialogue avec ceux qui sont éloignés de la foi. Son livre est nourri de cette proximité avec les hommes et femmes de son temps, croyants ou non.
Dans L’Église face au monde moderne, il ne s’agit pas de nostalgie, ni de dénonciation. Ce que propose Mgr Aillet, c’est un chemin d’espérance : celui d’un peuple chrétien qui ose encore croire que le message de Jésus a quelque chose à dire au monde, aujourd’hui comme hier.
Une lecture pour se recentrer sur l’essentiel
Ce livre s’adresse autant aux prêtres, aux religieux et religieuses qu’aux laïcs engagés ou en quête de sens. Il offre des repères clairs, mais aussi un appel personnel à la conversion missionnaire. Mgr Aillet rappelle que l’annonce de l’Évangile n’est pas l’affaire de spécialistes, mais la responsabilité de chaque baptisé.
Dans un monde où la vérité semble relative et les convictions floues, L’Église face au monde moderne offre une boussole puissante pour réaffirmer que la foi chrétienne n’est pas un héritage à préserver, mais un feu à transmettre.
Un ouvrage à découvrir pour raviver sa foi, mieux comprendre les enjeux contemporains de l’Église… et peut-être oser, à son tour, devenir témoin du Christ dans le monde.



