Il y a des noms qu’on ne prononce plus. Des cauchemars enfouis dans les silences d’un village, des disparitions que l’on préfère ne pas expliquer. Jusqu’au jour où le passé resurgit. Dans Dans la forêt du croque-mitaine, Ivar Leon Menger signe un thriller psychologique tendu comme un fil, où les ténèbres rôdent à la lisière des bois… et de l’esprit.

Bienvenue à Meltheim, paisible village allemand bordé par la forêt de l’Odenwald. Dix ans ont passé depuis les dernières disparitions. Dix ans que les habitants tentent d’oublier le surnom qui glace encore le sang : le croque-mitaine. Mais quand un jeune garçon s’évapore à la fête foraine de mai 1986, les peurs refont surface.

Une enquête ténébreuse dans une atmosphère oppressante

Loin des clichés du polar, Menger propose un véritable jeu d’ombres psychologique. Le héros de cette histoire ? Hans J. Stahl, ancien commandant de police à la retraite. Rongé par le sentiment d’avoir échoué à élucider les crimes d’autrefois, il reprend l’enquête de sa vie. Et plus il fouille, plus le village semble cacher des vérités dérangeantes.

Les suspects se multiplient. Un pasteur aux sermons troublants. Un directeur de clinique psychiatrique aux pratiques opaques. Une infirmière zélée. Et cet étrange enfant qui semble communiquer avec les lapins... Ici, tout le monde a quelque chose à cacher. Même la forêt semble observer.

Menger excelle à distiller un climat de tension sourde. Pas de gore gratuit, mais une montée en puissance millimétrée. L’angoisse s’installe par petites touches, jusqu’à devenir suffocante.

Un croque-mitaine… ou une part d’ombre collective ?

Le roman n’est pas seulement un thriller efficace. Il interroge aussi la peur collective, la mémoire, et les monstres que l’on crée pour mieux survivre. Qui est réellement le croque-mitaine ? Un homme ? Un mythe ? Ou bien le reflet d’un mal plus profond, tissé au cœur même de la communauté ?

En multipliant les points de vue et les fausses pistes, Ivar Leon Menger brouille les frontières entre le réel et l’imaginaire. Comme dans une partie de Cluedo à ciel ouvert, le lecteur est embarqué dans un labyrinthe de mensonges, de secrets et de douleurs inavouées.

Un style immersif et cinématographique

La narration est vive, économe mais redoutablement efficace. Menger construit ses scènes comme un réalisateur : éclairages, silences, angles morts. On visualise chaque lieu, chaque regard. Le lecteur devient voyeur, presque complice. Et il sait, au fond, que le danger se rapproche à chaque page.

Pas étonnant que le livre ait connu un tel succès en Allemagne et soit en passe d’être adapté à l’écran : Dans la forêt du croque-mitaine est taillé pour hanter les esprits.

Un page-turner angoissant, à ne pas lire seul la nuit

Ce roman n’est pas à mettre entre toutes les mains. Il dérange. Il obsède. Il gratte là où ça fait mal. Et surtout, il prouve que le vrai monstre n’est pas toujours celui qu’on croit.

Dans une époque où l’on croit tout savoir sur le mal, Ivar Leon Menger nous rappelle une chose essentielle : parfois, il se glisse sous des visages ordinaires, dans des lieux familiers. Et il attend. Tapis dans l’ombre.

Prêts à affronter vos peurs ? Osez pénétrer Dans la forêt du croque-mitaine, et découvrez un thriller aussi fascinant qu’effrayant. Mais prenez garde : le monstre pourrait bien vous suivre hors du livre...