Léo n’a que vingt ans, mais déjà l’envie brûlante de donner un sens à sa vie. Loin de son Sud natal, il quitte les siens, son cocon, son passé, pour monter à Paris, la capitale des possibles. Dans Le Fil de nos vies, Alexandre Marcel raconte cette ascension rêvée, cette quête de soi, de reconnaissance et de création — mais aussi les ombres que ce rêve emporte dans son sillage.
Ce premier roman, à la fois intime et universel, s’attaque avec justesse aux illusions et aux désillusions d’un milieu aussi fascinant que redoutable : celui de la haute couture.
Un rêve cousu de fil blanc ?
Dès les premières pages, on s’attache à Léo. Garçon sensible, discret, dessinateur passionné, il incarne la jeunesse animée par le feu du rêve. Son carnet de croquis ne le quitte jamais, comme un talisman chargé de tout ce qu’il n’ose pas encore exprimer à voix haute. Lorsqu’il est repéré par un grand couturier, tout semble s’aligner : talent, opportunités, ascension fulgurante. La lumière enfin.
Mais derrière les projecteurs, Alexandre Marcel dévoile l’envers du décor. La mode, avec ses codes impitoyables et ses non-dits, devient un terrain miné. Très vite, Léo est confronté à un monde où le silence est une monnaie d’échange et où la loyauté peut devenir un piège. Quand il est témoin d’un acte impensable, sa foi en ce rêve vacille.
Rester fidèle à soi, ou tout perdre ?
Le dilemme de Léo devient alors le cœur battant du roman. Faut-il tout sacrifier pour préserver l’image d’une maison de couture qu’on vénère ? Ou se dresser, quitte à briser l’élan d’une carrière naissante ? À travers cette tension, Le Fil de nos vies interroge la place de l’éthique dans les milieux artistiques et professionnels. Un thème d’autant plus actuel qu’il résonne avec des scandales réels dans l’industrie de la mode et du spectacle.
Le roman ne donne pas de leçon, mais invite à la réflexion. La plume d’Alexandre Marcel est sobre, touchante, toujours juste. Il capte avec finesse les mouvements intérieurs de son héros, ses doutes, ses élans, sa solitude, son courage. Et surtout, il rappelle qu’il n’y a pas de réussite sans choix, sans renoncements, sans douleurs parfois.
L’amour comme fil conducteur
Au milieu des remous, une constante : l’amour de sa mère, simple et inconditionnel. C’est cet amour-là qui ancre Léo, qui l’accompagne silencieusement, jusque dans les moments les plus critiques. Et c’est aussi ce lien filial indéfectible qui donne au roman une force émotionnelle rare, un souffle presque universel.
À travers ce portrait de jeune homme en construction, Le Fil de nos vies parle aussi d’identité, de résilience, et du chemin sinueux qu’il faut parfois emprunter pour rester fidèle à ce que l’on est profondément.
Un roman délicat et nécessaire
Alexandre Marcel signe ici un roman d’apprentissage émouvant, pudique, d’une grande sincérité. Le Fil de nos vies n’est pas seulement une plongée dans le monde de la mode, c’est une méditation sur le courage d’être soi, même quand tout autour pousse à se taire. Un récit qui touchera les lecteurs en quête d’authenticité, de sens, et de lumière dans les zones d’ombre.
Une histoire qui nous rappelle que, parfois, il faut couper certains fils pour mieux tisser ceux de notre propre destin. À lire absolument.



