Et si le destin du monde reposait sur une héroïne qui préférerait écrire des fanfictions ou faire du shopping plutôt que décapiter des zombies ? Avec Zombitions, Aurélie Mendonça dynamite les codes du récit apocalyptique dans une saga bourrée d’humour, d’action, et de répliques cinglantes.

Une lignée de guerrières, un maillon (très) faible

Depuis la nuit des temps, les Nécrocides, guerrières d’élite, veillent à empêcher les Maîtres Zombies de déclencher l’Apocalypse. Chaque génération a su faire front, maintenant l’équilibre fragile entre le monde des vivants et celui des morts-vivants. Jusqu’à l’arrivée d’Evangeline Rose.

Surnommée Evy, elle est la dernière descendante d’une prestigieuse lignée de chasseuses… mais elle n’a ni la discipline, ni le goût du sang, ni l’envie de jouer les super-héroïnes. Sa spécialité ? Survivre par hasard. Manquant de tout sauf d’ironie, elle incarne à merveille l’anti-héroïne moderne, loin des clichés de la guerrière invincible. Et c’est justement à elle que revient la tâche de sauver l’humanité, alors que les Maîtres Zombies passent enfin à l’attaque.

Une apocalypse (presque) annoncée

L’humour est le fil rouge de cette saga fantastique. Aurélie Mendonça ne prend jamais le genre au pied de la lettre. Zombies ? Oui. Batailles surnaturelles ? Bien sûr. Mais tout est traité avec un recul qui frôle parfois la parodie, sans jamais nuire à l’attachement pour les personnages et la tension dramatique.

Le contraste entre l’ampleur des enjeux et le tempérament d’Evy donne lieu à des scènes savoureuses : entre une attaque de goules et une réunion de famille catastrophique, elle doit apprendre à manier des armes, gérer sa panique, et éviter de se faire mordre — ou pire, humilier.

L’intrigue, bien qu’ancrée dans un univers apocalyptique classique, se démarque par son ton résolument décalé et sa galerie de personnages aux dialogues ciselés. Le récit oscille entre roman d’action, satire des récits de fantasy et chronique d’apprentissage maladroite.

Un monde de morts-vivants (et de vivants dépassés)

Outre Evy, l’univers de Zombitions regorge de figures marquantes : mentors imprévisibles, Maîtres Zombies plus intelligents qu’on ne le croit, et alliés pour le moins inadaptés à une guerre sainte. Le bestiaire fantastique croise la route de références pop culture, le tout dans un cadre contemporain qui sert de toile de fond à une guerre millénaire oubliée du grand public.

Les zombies ici ne sont pas que des carcasses affamées. Ils obéissent à une hiérarchie, suivent un plan méticuleux, et représentent bien plus qu’un danger physique : ce sont des entités pensantes, retorses, et déterminées. L’Apocalypse n’est plus une possibilité : elle est imminente. Et c’est entre deux crises d’angoisse qu’Evy devra y faire face.

Une héroïne moderne, paumée mais attachante

Le véritable cœur du roman, c’est Evangeline. À la fois agaçante, drôle, fragile et lucide, elle incarne un type de protagoniste qu’on voit peu dans la fantasy : une femme qui doute, qui râle, qui aimerait juste une vie normale… mais qui avance quand même, même en trébuchant.

Son évolution au fil du récit — de jeune femme dépassée à Nécrocide (presque) assumée — donne tout son sel à cette fresque mêlant surnaturel et quotidien. Loin des archétypes classiques, elle devient une héroïne malgré elle, poussée par nécessité plus que par vocation.

Quand l’humour devient une arme contre la fin du monde

Zombitions réussit le pari de parler de fin du monde sans jamais sombrer dans le désespoir. Avec une plume vive, des dialogues mordants et un sens aigu du rythme, Aurélie Mendonça transforme une guerre sacrée contre les morts-vivants en terrain de jeu littéraire.

Pour les amateurs de fantasy urbaine rafraîchissante, d’anti-héroïnes drôles et cabossées, et de récits post-apocalyptiques qui osent sortir des sentiers battus, cette intégrale est un savant mélange d’adrénaline, de sarcasme et de second degré. Une lecture aussi inattendue qu’irrésistible.