Paris, 1925. Les Années folles battent leur plein : cabarets, artistes, émancipation féminine et modernité effervescente. Mais derrière cette façade éclatante, la capitale abrite aussi ses ombres : anciens combattants brisés, misère ouvrière et une série de meurtres glaçants. C’est dans ce décor contrasté que Michaëla Watteaux installe Shell Shock, un roman noir où enquête policière, mémoire des tranchées et luttes sociales s’entremêlent.
Les cicatrices invisibles de la Grande Guerre
Le titre du roman, Shell Shock, renvoie au terme utilisé après la Première Guerre mondiale pour désigner les traumatismes psychiques des soldats : ce qu’on appelle aujourd’hui le syndrome de stress post-traumatique. L’inspecteur Paul Varenne, personnage central du récit, en est l’incarnation. Blessé physiquement et psychologiquement, il tente de survivre en s’accrochant à l’opium et à la cocaïne, comme beaucoup d’anciens poilus.
À travers lui, l’autrice met en lumière une réalité souvent passée sous silence : la guerre ne s’est pas terminée en 1918 pour tous ceux qui l’ont vécue. Le champ de bataille continue de hanter les consciences, et la société peine à accueillir ces "gueules cassées", rejetées ou oubliées.
Le Paris des demoiselles du téléphone
En parallèle, le roman nous entraîne dans l’univers des standardistes, ces jeunes femmes qui manipulent des câbles pour connecter les communications dans les centraux téléphoniques. Jeanne Duluc, journaliste socialiste et féministe, infiltre ce milieu afin de dénoncer les conditions de travail harassantes de ces ouvrières modernes.
Le choix de ce décor n’est pas anodin : il symbolise la transition d’une société encore marquée par les traditions vers une ère nouvelle, où les femmes réclament une place égale dans le monde du travail et dans la vie publique. Mais leur quotidien reste rude, et leur sécurité n’est pas garantie, comme en témoigne l’assassinat brutal de Tatiana, l’une d’elles.
Un tueur en série dans la capitale
Le meurtre de Tatiana n’est pas isolé. Le masque déposé sur son visage rappelle une autre série d’assassinats attribués au « Tueur des Halles », qui terrorise Paris. Pourtant, l’inspecteur Varenne refuse d’y voir une coïncidence. Derrière l’horreur des crimes, il pressent un réseau de secrets et d’intérêts troubles.
Ce fil rouge policier donne au roman son intensité : chaque nouvel indice plonge le lecteur dans un Paris où se croisent artistes bohèmes, politiques, journalistes engagées, mais aussi marginaux et anciens soldats perdus.
Entre féminisme et mémoire collective
Au-delà de l’enquête, Shell Shock explore deux thèmes majeurs :
La mémoire de la guerre : à travers Varenne et Mangrin, rescapés des tranchées, Michaëla Watteaux questionne la façon dont la société française a intégré – ou refoulé – les traumatismes de 14-18.
L’émancipation féminine : avec Jeanne Duluc, le récit met en avant une génération de femmes qui ne se contente plus des rôles imposés. Dans ce combat, l’enquête devient une métaphore : chercher la vérité, c’est aussi chercher la justice sociale.
Cette double dimension donne au roman une profondeur qui dépasse le simple cadre du polar.
Un polar historique riche et immersif
Michaëla Watteaux signe ici un roman où l’ambiance du Paris des Années folles est parfaitement restituée. Les cafés, les ruelles, les cabarets, les centrals téléphoniques : tout concourt à plonger le lecteur dans une époque bouillonnante et contrastée. La langue est précise, rythmée, et l’intrigue avance à vive allure, maintenant le suspense jusqu’au bout.
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