Certaines demeures semblent avoir été construites pour accueillir le mystère. Witch Hazel House, avec ses hamamélis aux fleurs flamboyantes et ses pièces remplies de chats, en fait partie. Pour Lark, qui espère y trouver un nouveau départ, le manoir se révèle être à la fois un refuge et une prison psychologique. Entre études littéraires, nouvelles amitiés et séances de spiritisme, elle découvre bientôt que les murs de cette maison renferment des secrets capables de transformer ses failles intérieures en armes contre elle.
Un refuge qui devient un piège
Lark intègre Witch Hazel House dans l’espoir de retrouver un équilibre. Souffrant de troubles obsessionnels compulsifs (TOC), elle se réjouit d’avoir été admise dans ce programme spécial où un petit groupe d’élèves étudie la littérature dans un cadre à la fois académique et chaleureux. Le manoir semble parfait : soirées cocooning à lire au coin du feu, tasses de thé réconfortantes, virées shopping à Stormhill… L’atmosphère invite à l’apaisement.
Mais très vite, le vernis paisible s’effrite. Le lieu, qui semblait bienveillant, dissimule une présence mystérieuse. Lorsque son amie Violette s’aventure dans une séance de spiritisme, persuadée de capter une aura protectrice, la situation bascule. Ce qu’elles réveillent n’a rien de rassurant : une entité endormie se manifeste, et les manifestations surnaturelles deviennent de plus en plus violentes.
La maison comme miroir des peurs
Le choix d’implanter l’histoire dans un manoir chargé de symbolique n’est pas anodin. Witch Hazel House incarne un personnage à part entière, presque vivant. Ses murs semblent écouter, ses recoins dissimulent des histoires oubliées, et son passé imprègne chaque pièce.
Les phénomènes paranormaux s’enracinent dans les fragilités des héroïnes. Lark, marquée par ses TOC, est particulièrement vulnérable : la maison devient un miroir cruel, reflétant ses angoisses et les amplifiant. C’est là toute la force du récit : l’horreur ne se limite pas aux apparitions spectrales, elle se nourrit des tourments intérieurs des personnages, brouillant la frontière entre réalité psychologique et menace surnaturelle.
Amitié et sororité face au surnaturel
Si Les Filles de Witch Hazel House captive, c’est aussi grâce à la place centrale de l’amitié féminine. Lark et ses nouvelles compagnes trouvent dans ce cadre hors du temps une opportunité de créer des liens forts, basés sur l’entraide et le partage. Le récit met en avant ces moments de complicité – lectures au coin du feu, confidences, projets communs – qui contrastent avec la noirceur des événements paranormaux.
Mais lorsque la maison se déchaîne, cette sororité est mise à l’épreuve. Les jeunes femmes doivent affronter ensemble leurs peurs, interroger le passé du manoir et démêler vérité historique et légendes. Le roman suggère que la force du collectif, bien que précieuse, n’est pas toujours suffisante face à des secrets profondément enracinés.
Quand la littérature se mêle au surnaturel
L’autre particularité du récit tient dans le cadre littéraire de ce programme d’études. Les héroïnes sont réunies par un goût commun pour les livres, ce qui confère au roman une ambiance érudite et feutrée. Mais cette passion se heurte à une réalité bien plus sombre : le surnaturel ne se laisse pas enfermer dans les pages.
Les séances de lecture et les discussions littéraires deviennent presque ironiques, tant la réalité de Witch Hazel House dépasse en intensité les fictions qu’elles étudient. Comme si la maison cherchait à leur rappeler que les histoires les plus effrayantes ne sont pas toujours celles que l’on trouve dans les livres.
Un roman entre gothique et contemporain
En mêlant un décor classique – le manoir hanté – à des préoccupations modernes (la santé mentale, la place des jeunes femmes dans un monde exigeant), Cécile Guillot et Nora Lake réussissent à renouveler le genre gothique. Leur plume met en lumière la vulnérabilité, mais aussi la résilience, des héroïnes, tout en construisant une atmosphère oppressante.
Le roman ne se contente pas de faire peur : il questionne ce que les fantômes représentent. Sont-ils réellement des âmes errantes, ou bien des métaphores des traumatismes et des blessures intérieures qui refusent de disparaître ?
Les Filles de Witch Hazel House est un récit où se mêlent douceur et horreur, amitié et peur, refuge et prison. Dans ce manoir aux allures de cocon littéraire, les héroïnes découvrent que les maisons ont une mémoire, et que réveiller leurs secrets peut coûter cher.
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