Dans Nous sommes la nuit, Gwenaël Le Guellec plonge ses lecteurs au cœur d’un univers hypnotique où l’art, la photographie et la mort s’entrelacent dans un ballet troublant. Lauréat du prix du suspense en 2019, l’auteur confirme ici son talent pour construire des intrigues où le mystère psychologique s’allie à une tension croissante. L’histoire suit Yoran Rosko, photographe singulier atteint d’une maladie rare qui l’oblige à percevoir le monde en nuances de noir et blanc, et qui se retrouve malgré lui entraîné dans une chasse mortelle à travers les rues de Tokyo.
Un héros singulier au regard différent
Yoran Rosko n’est pas un enquêteur traditionnel. Contraint par sa perception monochrome du monde, il est pourtant devenu photographe professionnel, trouvant dans ce handicap une force créatrice unique. En choisissant de s’exiler au Japon, il pensait avoir laissé derrière lui ses vieux démons et la pointe armoricaine de son passé. Mais le destin le rattrape lorsqu’il participe à un photo game international.
Son talent singulier attire l’attention d’un mystérieux collectif d’artistes aux pratiques morbides : les « Tueurs aux estampes ». Ces derniers transforment le meurtre en mise en scène, brouillant les frontières entre performance artistique et barbarie. Yoran est ainsi projeté dans une enquête qui dépasse le simple cadre artistique pour devenir une lutte de survie.
Quand l’art devient une arme mortelle
L’une des grandes forces du roman réside dans sa réflexion sur l’art et ses limites. Jusqu’où peut-on aller pour choquer, marquer les esprits, provoquer des émotions ? Les « Tueurs aux estampes » ont choisi une voie radicale : utiliser la mort comme matériau brut de leurs créations, diffusées ensuite sur les réseaux sociaux comme des œuvres macabres.
Cette utilisation des plateformes numériques interroge : l’art devient viral, partagé, liké, commenté, mais à quel prix ? Gwenaël Le Guellec dresse ici un portrait inquiétant de la fascination morbide qu’exerce la violence dans nos sociétés connectées.
Tokyo, une scène nocturne hypnotique
Le décor choisi par l’auteur n’est pas anodin. Tokyo, avec ses néons, ses ruelles labyrinthiques et ses contrastes saisissants entre modernité et traditions, devient le terrain de jeu idéal pour ce thriller. La ville est décrite comme une entité vivante, vibrante, mais aussi menaçante. C’est dans ce décor nocturne que Yoran se confronte à ses poursuivants, explorant les marges de la capitale japonaise tout en se confrontant à ses propres ténèbres intérieures.
La photographie joue un rôle central dans cette atmosphère. Chaque cliché, chaque mise en scène devient un indice, un piège ou un message crypté. L’œil unique de Yoran, incapable de voir les couleurs mais apte à saisir les nuances et les contrastes, lui permet d’affronter les tueurs sur leur propre terrain.
Un thriller psychologique et sensoriel
Au-delà de l’intrigue policière, Nous sommes la nuit est aussi un voyage intérieur. Yoran doit affronter son passé, ses erreurs et ses fantômes, tout en se battant contre un ennemi redoutable. Le roman interroge la frontière entre perception et réalité, entre vérité et illusion, en jouant avec les sens du lecteur comme avec ceux du protagoniste.
L’écriture de Gwenaël Le Guellec, immersive et précise, plonge le lecteur dans une tension constante. Chaque chapitre fonctionne comme une pièce de puzzle, renforçant la dimension visuelle et cinématographique du récit.
Une lecture pour amateurs de sensations fortes
Avec Nous sommes la nuit, l’auteur propose une expérience de lecture totale : visuelle, psychologique et sensorielle. Les amateurs de thrillers artistiques et de récits où l’art se mêle au crime — à la manière de Hannibal ou de certains thrillers japonais — trouveront ici une intrigue à la fois haletante et originale.
Ce roman n’est pas seulement une enquête : c’est une plongée dans l’obsession, la beauté dérangeante et la noirceur de l’âme humaine. Yoran Rosko devient un guide malgré lui, contraint d’explorer les zones d’ombre où l’art et la mort s’entremêlent.
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