Le roman Une femme a disparu d’Anne-Sophie Stefanini nous plonge dans un entrelacs de souvenirs, de silences et de révélations, à la frontière entre récit d’amour, quête identitaire et roman d’enquête. Constance, une femme marquée par une jeunesse à Yaoundé, revient sur les traces de ce qu’elle a laissé derrière elle : un amour, un pays, et surtout une histoire restée en suspens. À travers un regard féminin à la fois intime et lucide, ce livre pose une question essentielle : que reste-t-il de ceux qui disparaissent, et de ce que l’on n’a pas compris à temps ?
Une quête de vérité née d’un amour de jeunesse
À 17 ans, Constance découvre le Cameroun. Elle y rencontre Jean-Martial, un étudiant passionné d’histoire et engagé politiquement, qui l’initie à la complexité de son pays, entre héritage colonial, indépendance difficile et luttes contemporaines. Entre eux, naît une relation intense, marquée par le souffle de la révolte et la douceur des débuts amoureux.
Mais ce n’est pas uniquement pour lui que Constance écoute. À travers ses mots, c’est une autre voix qui se fait entendre : celle d’une professeure disparue après des troubles universitaires, une femme effacée par le pouvoir et dont l’ombre plane sur leur relation.
Mémoire intime et mémoire collective
Des années plus tard, alors que Constance est retournée en France et a quitté Jean-Martial, cette femme disparue continue de l’obséder. Elle n’a jamais cessé de s’interroger : qui était-elle ? Que représentait-elle vraiment pour Jean-Martial ? Pourquoi ce récit lui a-t-il été confié, à elle ? Ces interrogations sont le fil rouge du roman, qui oscille entre souvenirs personnels et mémoire historique.
Une femme a disparu explore avec finesse la manière dont nos parcours individuels sont liés à des récits plus vastes : l’histoire coloniale, les luttes pour la liberté, les voix qu’on réduit au silence. Constance cherche à comprendre, non seulement pour elle, mais pour redonner une place à celles qu’on a effacées.
Le Cameroun, personnage à part entière
Loin d’être un simple décor exotique, Yaoundé et son atmosphère vibrante deviennent un personnage central. À travers les descriptions sensuelles de la ville, de ses cafés, de ses rues et de sa mémoire, le roman restitue une part de l’Afrique telle que vécue par une jeune femme blanche, attentive mais extérieure, accueillie et transformée. Cette confrontation entre deux mondes — la France postcoloniale et le Cameroun d’aujourd’hui — est traitée avec délicatesse, mais sans occulter la complexité du regard occidental sur l’Afrique.
Anne-Sophie Stefanini évite les pièges du roman « à mission » en insufflant à son récit une douceur mélancolique, qui ne cherche pas à donner des leçons mais à faire entendre des voix, à poser des questions.
Sororité, silence et transmission
L’histoire de la femme disparue, restée sans nom, résonne avec d’autres histoires féminines : celle de Constance elle-même, mais aussi celles de femmes qui refusent de se taire. Ce roman est profondément féministe dans sa démarche : il fait exister les silences, les absentes, les effacées. Il donne à voir une sororité qui dépasse le temps et l’espace, entre Constance et cette professeure qu’elle n’a jamais connue, mais qu’elle choisit de faire vivre en poursuivant son histoire.
Pourquoi ce roman nous reste en tête
Une femme a disparu est de ces romans qu’on ne referme pas vraiment. Sa structure fragmentaire, son écriture poétique, sa pudeur face aux émotions brutes et son sens du détail en font une œuvre littéraire aussi accessible que profonde. Il s’adresse à celles et ceux qui aiment les récits d’initiation, les histoires d’amour sincères et les réflexions sur la mémoire et la justice.
Loin d’un simple roman sentimental ou politique, ce livre est un miroir tendu vers nos propres silences : ceux que nous portons en nous, ceux que nous avons oubliés, et ceux que nous devons briser.
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