L’été 1919. L’Europe panse ses plaies, les hommes rentrent du front, les femmes sont priées de retourner à l’ombre. Mais certaines ont goûté à l’indépendance et ne sont pas prêtes à faire marche arrière. Transports pour dames, le roman d’Helen Simonson, nous plonge dans cette époque charnière à travers le regard tendre, drôle et incisif de femmes bien décidées à faire vrombir leurs moteurs et à tracer leur propre route.
Car oui, ce roman est aussi un hommage inattendu mais puissant… à la moto. Ou plus précisément, au vent de liberté que ces engins symbolisent pour des héroïnes en quête de mouvement, de souffle, de sens. Et sous la plume élégante d’Helen Simonson (déjà remarquée pour La dernière conquête du major Pettigrew), cette ode à la liberté devient une comédie de mœurs aussi réjouissante que féministe.
La fin d’un monde… et le début d’un autre
Lorsque Constance Haverhill, jeune femme sans le sou mais pleine de ressources, se retrouve reléguée au rang de dame de compagnie dans une station balnéaire anglaise, elle pense avoir touché le fond. Fille d’aristocrates ruinés, ancienne secrétaire administrative durant la guerre, elle découvre que ses compétences sont désormais superflues — ou pire, perçues comme déplacées.
Mais c’était sans compter la rencontre avec Poppy Wirrall. Fille de baronnet, entrepreneure, cheffe d’un club de motardes et conductrice d’un service de livraison géré exclusivement par des femmes, Poppy incarne à merveille cette génération de pionnières qui ne veulent plus se contenter d’ouvrir le courrier et de tenir le thé.
Autour de ce duo central gravite une galerie de personnages hauts en couleur : Harris, le frère ténébreux, ancien pilote de chasse blessé ; des veuves joyeuses ; des suffragettes un brin fatiguées, mais toujours déterminées ; des aristocrates qui s’accrochent à un monde en train de s’écrouler. À travers eux, Transports pour dames explore avec finesse les lignes de fracture entre classes sociales, générations, sexes et aspirations.
Le side-car comme arme d’émancipation
C’est l’un des grands plaisirs de ce roman : voir des femmes, corsetées dans tous les sens du terme, enfourcher leurs motos et tracer des sillons de liberté sur les routes sinueuses du Sussex. Plus qu’un détail pittoresque, le club de moto pour dames devient ici un puissant symbole de conquête identitaire. Ce n’est pas tant l’engin qui compte que ce qu’il permet : rompre avec l’immobilisme, échapper au carcan de la bienséance, et faire entendre un nouveau bruit dans un monde trop longtemps silencieux.
La moto est ici libératrice, gracieuse, provocante. Elle devient le lieu de la reconquête du corps, du désir, de la parole — et de la sororité.
Ce que Transports pour dames dit aussi de notre époque
Sous ses dehors charmants et doucement rétro, ce roman résonne de manière étonnamment contemporaine. Il questionne la place des femmes dans la société, la violence sourde de l’invisibilisation, la fatigue du compromis, et la force inouïe de l’entraide féminine. Il interroge aussi, subtilement, la façon dont la guerre transforme les existences, redistribue les cartes… mais peut aussi précipiter un retour en arrière si l’on ne reste pas vigilants.
Et en filigrane, une question : à quelles libertés sommes-nous prêtes à renoncer une fois la crise passée ? Et lesquelles avons-nous le devoir de protéger ?
Pourquoi lire Transports pour dames ?
Pour ses héroïnes inoubliables : Constance et Poppy forment un duo émouvant, drôle, complémentaire. L’une découvre sa force, l’autre tente de l’utiliser pour changer le monde.
Pour sa galerie de seconds rôles : chacun, chacune a sa part d’ombre et de lumière. Mention spéciale au personnel de l’hôtel, aux figures de la haute société et aux vétérans du front.
Pour son écriture raffinée : Helen Simonson manie l’humour anglais, la nostalgie douce-amère et les dialogues ciselés avec une rare élégance.
Pour son rythme feutré mais captivant : chaque page est une invitation à la réflexion, au sourire, à la révolte parfois, mais toujours avec finesse.
Découvrez Transports pour dames dès maintenant sur IZIBOOKS et laissez-vous emporter dans cette cavalcade romanesque pleine d’audace, de vent dans les cheveux et de sororité à toute vitesse. Une lecture qui donne envie de faire un détour — et de ne jamais freiner.



