Certains thrillers vous tiennent en haleine. D’autres vous marquent à vie. Le tueur intime de Claire Favan appartient à cette seconde catégorie. Récompensé par le Prix VSD du Polar en 2010, ce roman ne se contente pas de raconter une enquête : il vous enferme dans l’esprit torturé d’un futur tueur en série… et vous fait assister à sa métamorphose.
Un avertissement s’impose : cette lecture est intense, dérangeante, et volontairement immersive. Vous allez suivre Will Edwards, adolescent solitaire, en marge du monde. Vous allez le voir construire peu à peu sa violence, son obsession, et son mode opératoire. Et si vous êtes comme la plupart des lecteurs de ce roman, vous n’en sortirez pas indemne.
L’anatomie d’un monstre
À 15 ans, Will Edwards n’est qu’un adolescent maltraité, silencieux, invisible. Mais derrière son apparente fragilité se cache un esprit en construction, un futur prédateur qui ne rêve que d’une chose : se faire aimer… à sa manière. Lorsqu’il jette son dévolu sur une camarade de classe, ce n’est pas une amourette. C’est le déclencheur.
Claire Favan excelle dans la manière de montrer comment un enfant brisé peut devenir un adulte dangereux. Son écriture, sans fioritures mais redoutablement précise, capte les failles, les frustrations, les fantasmes, et les mécanismes mentaux qui peu à peu le conduisent à tuer.
Ce n’est pas un thriller classique. C’est une genèse criminelle.
Un point de vue inhabituel : celui du tueur
Là où la plupart des polars se concentrent sur les enquêteurs, Le tueur intime fait un choix radical : le lecteur passe une grande partie du livre aux côtés du tueur. On assiste à sa logique froide, à ses émotions faussées, à sa montée en puissance.
C’est cette immersion qui rend le roman aussi perturbant que fascinant. On ne cautionne jamais, bien sûr. Mais on comprend — ou du moins, on croit comprendre — ce qui anime Will. Et c’est là toute l’horreur : découvrir que la monstruosité peut naître de l’ordinaire.
Quand le FBI entre en scène
Mais le roman n’est pas un simple portrait de psychopathe. Il bascule dans le thriller tendu lorsque Will Edwards commence à semer des corps sur les routes américaines. Sa signature ? Incompréhensible. Les enquêteurs ? Dépassés.
C’est alors que le FBI fait appel à un nouveau profiler : RJ. Silencieux, méthodique, brillant, RJ devient l’ultime rempart contre ce tueur qui semble toujours avoir une longueur d’avance. Le face-à-face entre les deux hommes devient central, et Claire Favan y injecte une tension narrative digne des meilleurs romans policiers américains.
Entre psychologie, suspense et tension morale
Ce qui rend Le tueur intime si puissant, c’est l’équilibre entre :
Le réalisme psychologique : l’autrice, diplômée en psychologie, explore les mécanismes de la perversion avec justesse.
Le rythme du thriller : scènes de crime, fausses pistes, confrontations haletantes se succèdent sans relâche.
Le malaise moral : en forçant le lecteur à côtoyer le mal de si près, Claire Favan pose une question dérangeante : et si comprendre un tueur, c’était déjà commencer à lui ressembler un peu ?
Ce roman n’est pas pour les âmes sensibles. Il est noir, dur, sans concession. Mais il est aussi incroyablement maîtrisé, audacieux, et profondément marquant.
Pourquoi lire Le tueur intime ?
Pour vivre une expérience littéraire immersive et dérangeante.
Pour découvrir un tueur non pas à travers ses actes, mais à travers sa lente construction.
Pour admirer le talent de Claire Favan, qui écrit avec une froide efficacité et une intensité rare.
Dans la lignée de Mindhunter ou des romans de Mo Hayder, Le tueur intime vous plonge dans l’obscurité… mais c’est une obscurité dont on ne décroche pas. Un chef-d'œuvre du thriller psychologique à ne pas manquer si vous aimez les romans qui vous retournent l’esprit.
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