Londres. Une ville synonyme d’opportunités, de renouveau, d’ambitions à conquérir. Pour Nadia, jeune journaliste parisienne fraîchement débarquée, c’est aussi la promesse d’un nouveau départ. Un tremplin pour sa carrière, qu’elle espère construire avec un grand reportage, le fameux article « qui la lancera ». Lorsqu’elle découvre une colocation chaleureuse dans une belle demeure, portée par des propriétaires bienveillants et charismatiques, tout semble enfin aligné.
Mais cette façade trop parfaite va vite se fissurer. Lorsqu’un autre locataire, de passage, disparaît sans explication, Nadia sent l’alarme intérieure s’activer. Pas de cris, pas de bagarre, pas d’enquête. Juste un silence lourd. Un vide. Et une question obsédante : pourquoi personne ne semble s’en inquiéter ?
Dans Qui sait meurt, Soise Ekobi transforme un simple fait divers en thriller psychologique oppressant. Ce qui commence comme une enquête journalistique prend très vite la forme d’un cauchemar éveillé, où chaque porte ouverte mène à une impasse – ou pire.
Le danger de chercher la vérité à tout prix
À travers le parcours de Nadia, l’autrice interroge la frontière entre curiosité professionnelle et obsession. Quand est-ce que l’enquête bascule vers une mise en danger de soi ? Peut-on vraiment fouiller la vérité sans en payer le prix ? Et surtout, que devient une journaliste lorsqu’elle est à la fois l’enquêtrice… et la prochaine cible ?
Le roman met en lumière un dilemme fréquent chez les journalistes d’investigation : l’équilibre précaire entre quête de justice et survie. Nadia est brillante, déterminée, mais aussi naïve. Sa soif de révéler l’injustice l’empêche de voir que ce qu’elle gratte dépasse largement les faits divers.
Un immeuble comme labyrinthe mental
Le décor n’a rien d’un château hanté, ni d’un squat menaçant. L’horreur naît justement de l’apparente normalité. Cette maison victorienne, accueillante et soignée, devient progressivement une prison aux murs invisibles. Chaque pièce semble contenir un non-dit, chaque habitant un secret. On retrouve ici les codes du thriller domestique, mais tordus pour mieux surprendre.
Ce huis clos londonien devient le théâtre d’un malaise grandissant, où les liens sociaux se font et se défont sur des silences complices. Nadia se rend vite compte qu’elle n’est pas seulement locataire : elle est l’intruse. Et dans cet univers où tout le monde ferme les yeux, la seule à vouloir comprendre devient automatiquement une menace.
De l’enquête à la paranoïa : un engrenage vertigineux
Soise Ekobi excelle à distiller le doute. La tension monte subtilement, insidieusement. Un mot de travers, une porte verrouillée sans raison, un regard trop appuyé. Nadia commence à douter de tout, même d’elle-même. Le roman brouille les pistes : est-elle victime d’une machination, ou perd-elle pied ? Est-ce que la disparition était réelle, ou a-t-elle inventé une histoire pour se sentir importante ?
Cette ambiguïté nourrit le suspense et transforme Qui sait meurt en véritable puzzle psychologique. Le lecteur doute, soupçonne, soupire d’angoisse – tout comme l’héroïne, dont la lucidité devient de plus en plus fragile.
Que révèle le silence collectif ?
Le titre prend tout son sens à mesure que le récit progresse. Dans cette maison, on ne parle pas. On tait ce qu’on voit, ce qu’on entend, ce qu’on comprend. Et ce silence n’est pas seulement une peur : c’est une stratégie. La disparition devient banale, intégrée. Un mécanisme d’oubli volontaire s’installe – une défense contre ce qui dérange.
Ainsi, Qui sait meurt soulève une question essentielle : à quel point notre société est-elle complice, par indifférence ou commodité, des abus qui se perpétuent dans l’ombre ? C’est un roman sur la manipulation, certes, mais aussi sur le poids du conformisme, et la violence d’un groupe prêt à sacrifier un individu pour maintenir l’illusion de normalité.
4 indices que la colocation idéale cache un danger
Voici quelques signaux que Nadia aurait dû repérer plus tôt… et qui, dans la vraie vie aussi, méritent d’alerter :
Une surveillance déguisée : caméras « pour la sécurité », portes qui se ferment automatiquement.
Un passé mystérieux : peu ou pas d’infos sur les anciens locataires. Et ceux qui sont partis ? Où sont-ils ?
Des règles étrangement strictes : horaires imposés, comportements attendus, lieux interdits.
Une ambiance trop lisse : tout le monde est gentil, trop gentil. Et pourtant, personne ne parle des tensions.
Le roman nous rappelle que le mal n’a pas toujours le visage que l’on croit. Il peut se glisser derrière un sourire, une tasse de thé, une offre d’aide un peu trop généreuse.
Avec Qui sait meurt, Soise Ekobi signe un thriller social finement écrit, entre tension psychologique et critique douce-amère d’un monde où l’apparence prime sur la vérité. Nadia voulait écrire un article marquant. Elle pourrait bien ne jamais en sortir vivante.
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