Si seulement je savais : Quand le rêve américain vire au cauchemar

Si seulement je savais de Kin Shassa est un thriller psychologique intense, mêlant rêve d’ascension sociale et piège mortel. Une course à la survie sous tension.

Il suffit parfois d’un billet d’avion pour croire à une autre vie. Pour Ekoma, jeune bachelier prometteur de Kinshasa, la chance d’intégrer une prestigieuse université américaine est une victoire inespérée. Une promesse d’avenir, une reconnaissance, une échappatoire. Mais derrière les apparences d’excellence académique, le rêve américain se transforme brutalement en huis clos mortel, révélant l’envers d’un système cynique et impitoyable.

Si seulement je savais n’est pas un roman académique de plus sur l’exil ou les illusions perdues. C’est un thriller dystopique, une expérience psychologique brutale, un jeu de survie glaçant qui interroge notre rapport à la méritocratie, à l’élitisme et aux violences invisibles qu’on inflige aux plus vulnérables, souvent au nom de la sélection, de la réussite ou de l’intégration.

Le piège du mérite : quand la sélection devient torture

Ekoma, Mosali et Ekota arrivent aux États-Unis remplis d’espoir. Leur avenir s’annonçait lumineux : diplôme, carrière, nouvelle vie. Mais au lieu des amphithéâtres et bibliothèques, c’est une épreuve physique et mentale insensée qui les attend : un “concours d’aptitude” qui les plonge dans un cauchemar souterrain, coupés du monde, contraints de survivre sans comprendre les règles du jeu.

Ici, le mérite ne se mesure plus en points ou en copies, mais en capacité à tenir debout dans l’inhumanité. On ne parle plus d’apprentissage, mais de résistance. Face à eux : des épreuves absurdes, peut-être létales, dans un décor de science-fiction terriblement crédible. À quel prix mérite-t-on d’apprendre ? À quoi est-on prêt pour “réussir” ?

Le récit pousse à se demander ce qu’est réellement la réussite, et s’il existe un seuil à partir duquel le rêve devient une prison.

Fracture culturelle et déshumanisation : l’épreuve de l’Autre

Au cœur de ce roman se trouve aussi une réflexion sur la fracture culturelle, sur l’expérience d’être étranger dans un système qui ne vous reconnaît pas comme sujet, mais comme expérience ou test. Les jeunes Kinois ne sont pas accueillis pour ce qu’ils sont, mais pour ce qu’ils peuvent endurer. L’accueil institutionnel devient une épreuve de force. La curiosité pour “l’exotisme” vire à l’instrumentalisation.

Kin Shassa dénonce sans ambages les dérives d’un certain regard occidental sur les étudiants africains : l’idée que leur présence doive se justifier par la souffrance, l’effort démesuré, ou le sacrifice.

Le roman, tout en tension, pose alors cette question troublante : Et si ce concours n’était qu’un miroir, grossissant à l’extrême, d’un système universitaire global fondé sur la compétition extrême et l’inhumanité ?

Une métaphore de l’exil : survivre pour exister

Le parcours d’Ekoma et ses amis peut se lire comme une allégorie crue de l’exil. Bien des jeunes quittent leur pays dans l’espoir d’un avenir meilleur, parfois au prix de leur dignité, de leur santé mentale, voire de leur vie. En enfermant les personnages dans un labyrinthe souterrain, Kin Shassa traduit physiquement ce que représente l’étrangeté, la perte de repères, l’hostilité des systèmes quand on vient d’ailleurs.

Loin d’un discours plaintif, le roman donne corps à cette lutte intérieure : continuer à espérer, à croire en sa valeur, même quand tout semble déshumaniser.

Il faut survivre — mais pour devenir qui ?

Section pratique : Ce que Si seulement je savais nous dit de notre monde

Voici quelques pistes de réflexion inspirées par le roman :

1. L’élitisme institutionnel peut-il être une forme de violence ?
Quand l’excellence devient excluante, déshumanisante, elle reproduit les inégalités qu’elle prétend dépasser. Ce roman interroge les effets pervers de la méritocratie à outrance.

2. L’accueil des étudiants étrangers est-il réellement bienveillant ?
Derrière les vitrines des universités prestigieuses, les barrières culturelles, les discriminations et les stigmatisations subsistent. Ce roman pousse à regarder en face les récits de celles et ceux qu’on dit “chanceux”.

3. Pourquoi le survivalisme parle autant à notre époque ?
Des récits comme Squid Game, Hunger Games ou Si seulement je savais attirent car ils matérialisent nos luttes quotidiennes dans un monde où la réussite semble réservée à ceux qui endurent le pire.

4. L’exil : une renaissance ou une descente aux enfers ?
Tout dépend des conditions. Le roman rappelle que partir est un pari dangereux, surtout si l’environnement d’accueil devient hostile.

5. Jusqu’où irions-nous pour une seconde chance ?
C’est toute la question morale qui traverse ce roman : que vaut la vie, que vaut l’avenir, quand la survie devient la condition d’entrée ?

Un roman choc, à lire comme un avertissement

Avec Si seulement je savais, Kin Shassa signe un roman percutant, lucide et sans concession, à la croisée du thriller psychologique et de la dystopie sociale. Il frappe fort, non pour choquer gratuitement, mais pour réveiller les consciences sur les dérives possibles de nos systèmes de sélection, d’intégration et d’aspiration.

Ce livre est une alerte sur la déshumanisation contemporaine, déguisée en rêve. Il est aussi un hommage aux esprits qui résistent, aux jeunes qui refusent de se soumettre au mensonge du mérite à tout prix.

Un récit à découvrir, entre tension, émotion et réflexion.
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