Certains romans n’ont pas besoin de grands drames spectaculaires pour bouleverser. Il leur suffit d’un regard échangé, d’un silence partagé ou d’un geste minuscule pour ouvrir des failles où se glisse toute la complexité de la vie.
Renaître de nos silences, de Florence Clerfeuille, est de ceux-là. Une œuvre pudique, sensible, où l’intime devient universel, et où la solitude se transforme, au fil des pages, en une forme inattendue de renaissance.
Dans un immeuble ordinaire, deux femmes que tout oppose vont découvrir, malgré elles, la force insoupçonnée des rencontres les plus improbables. Un roman qui parle de chagrin sans pathos, et d’amour sans grands mots, mais avec une vérité saisissante.
Deux générations, deux deuils, une même détresse silencieuse
Denise a 82 ans. Elle vit dans un quotidien figé, en retrait du monde. Son existence semble suspendue, presque résignée, comme si tout ce qui valait la peine d’être vécu appartenait déjà au passé.
Marion, elle, n’a que 28 ans. Mais elle porte une douleur indicible, un gouffre invisible que le monde ne voit pas. Elle fuit, plus qu’elle ne vit. Le deuil périnatal a laissé en elle un vide sans nom, que ni les mots ni les regards ne parviennent à combler.
Deux solitudes parallèles qui, pourtant, vont s’accrocher l’une à l’autre.
Le hasard les place sur le même palier. Une poignée de cookies faits maison, un chat errant, quelques maladresses partagées… C’est peu. Mais c’est déjà le début de quelque chose. Et dans ce « peu », une promesse se tisse.
Une amitié intergénérationnelle d’une justesse rare
Ce qui rend Renaître de nos silences si touchant, c’est la manière dont Florence Clerfeuille déconstruit les clichés autour de l’âge, du chagrin, et des liens humains.
Denise n’est pas qu’une vieille dame esseulée. Elle est aussi une femme qui a aimé, souffert, fait des choix. Une femme dont l’histoire personnelle éclaire le présent de Marion avec une douce lucidité.
Marion, de son côté, incarne une génération tiraillée entre l’attente de performance et l’incapacité à exprimer sa vulnérabilité. Son repli, ses silences, sont autant de cris étouffés que Denise commence à comprendre, à deviner. Et à accueillir.
Entre elles, l’écoute devient un baume. Sans grands discours, sans jugement, elles se réparent mutuellement. Lentement, patiemment. Et surtout, humainement.
Le poids du non-dit, la puissance du lien
Le roman repose sur une tension feutrée : comment dire l’indicible ? Que reste-t-il quand les mots ne suffisent plus ?
Florence Clerfeuille ne force jamais ses personnages à parler avant d’être prêts. Elle leur laisse la possibilité d’exister, simplement, en creux, dans leur silence. Et c’est là que la magie opère.
Le deuil périnatal – sujet encore tabou – est ici traité avec une pudeur bouleversante. Marion n’est pas une victime caricaturale, mais une femme qui tente d’apprivoiser son chagrin. Le roman n’explique pas : il montre, suggère, effleure. Et cela le rend d’autant plus percutant.
L’homophobie, elle aussi évoquée avec subtilité, vient rappeler que les blessures ne sont pas toujours spectaculaires : parfois, ce sont les regards, les silences, les exclusions implicites qui pèsent le plus lourd.
Une écriture intimiste et lumineuse
Florence Clerfeuille signe ici un roman délicat, à la plume fine et nuancée, qui prend le temps d’écouter ses personnages.
Pas de rebondissements tapageurs, mais une atmosphère chaleureuse, intime, où chaque scène porte en elle une vérité émotionnelle.
L’écriture est simple sans être simpliste. Chaque mot est choisi avec soin. On y entend les battements d’un cœur, les craquements d’un parquet, les soupirs retenus. Et surtout, la vie qui reprend, doucement.
Le roman se déroule comme une confidence, comme une main tendue au lecteur, qui se surprend à s’identifier, à s’émouvoir, à réfléchir. Car au fond, qui n’a jamais connu la solitude, le regret, la peur d’avoir tout perdu ?
Une section pratique : comment créer du lien à travers les générations
Le lien intergénérationnel est au cœur de Renaître de nos silences. Voici quelques pistes concrètes pour en cultiver la richesse dans notre quotidien :
Créer des moments d’échange simples
Proposer des cafés-rencontres entre générations dans les quartiers ou les écoles.
Mettre en place des ateliers partagés : cuisine, jardinage, lecture à voix haute.
Valoriser les récits de vie
Inviter les plus âgés à raconter leurs souvenirs à des jeunes dans le cadre de projets associatifs.
Organiser des podcasts locaux pour enregistrer des témoignages.
Encourager l’écoute active
Favoriser les activités qui nécessitent la coopération entre générations (jeux de société, ateliers d’écriture partagée).
Sensibiliser à la richesse du vécu de chacun, quelle que soit sa tranche d’âge.
Soutenir les familles de cœur
Reconnaître que les liens familiaux ne sont pas toujours biologiques : les familles de cœur peuvent être tout aussi fondamentales pour l’équilibre émotionnel.
Un roman à lire, à offrir, à méditer
Renaître de nos silences est un hommage vibrant aux vies cabossées, aux amitiés improbables et à la lumière qui revient, même après les nuits les plus noires.
C’est un roman pour toutes celles et ceux qui ont aimé, perdu, et recommencent. Un roman qui murmure que l’on peut toujours recommencer, même à 82 ans, même quand on pense que tout est fini.
Pour les lecteurs sensibles à la justesse des émotions, aux personnages vrais, et aux récits profondément humains, ce livre est un trésor discret, mais durable.
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