À l’heure où ChatGPT, Midjourney et autres IA génératives envahissent les foyers et les salles de classe, une question s’impose : l’intelligence artificielle va-t-elle aider l’école à évoluer ou au contraire accélérer sa déshumanisation ? C’est le point de départ de l’essai percutant d’Olivier Lusetti, Prêt-à-penser. L’IA, dernier clou dans le cercueil de l’Éducation nationale.
Dans ce manifeste à la fois critique et engagé, l’auteur tire la sonnette d’alarme : en déléguant à l’IA l’acte même de penser, nous risquons d’entraîner une génération entière dans ce qu’il nomme un « Alzheimer civilisationnel ». Un effacement progressif de la mémoire, du langage, de la réflexion individuelle.
Cette analyse n’est pas une condamnation pure et simple de la technologie. Au contraire, Lusetti propose des pistes concrètes pour réinventer l’éducation grâce à une méthode qu’il nomme C.A.S. : Créer, Apprendre, Soigner.
Le danger du prêt-à-penser numérique
L’expression « prêt-à-penser » évoque la facilité avec laquelle nous pouvons aujourd’hui déléguer nos réflexions aux algorithmes. Pourquoi rédiger une dissertation, écrire un poème ou même réfléchir à un exposé si une IA peut le faire en quelques secondes ?
Olivier Lusetti identifie dans cette automatisation une menace directe pour l’éducation : si les élèves deviennent de simples consommateurs de contenus générés, ils perdront peu à peu leur capacité à analyser, critiquer, créer. L’esprit devient passif, sous perfusion numérique.
Les neurosciences confirment ce risque : la plasticité cérébrale, cette faculté qu’a le cerveau à se développer grâce à l’effort cognitif, se réduit si la stimulation devient purement réceptive. Lire un texte tout fait ou recopier une réponse générée ne nourrit pas l’intelligence, cela la fige.
L’école face au vertige numérique
Depuis plusieurs années, le système éducatif français est en tension : surcharge des programmes, perte de sens, difficultés d’attention chez les élèves. L’arrivée de l’IA dans les pratiques scolaires, si elle est mal accompagnée, pourrait aggraver cette crise.
L’essai d’Olivier Lusetti souligne que l’école risque de devenir une fabrique d’utilisateurs passifs d’outils technologiques. Si les enseignants ne reprennent pas la main, le risque est de voir s’installer une dépendance au « contenu tout fait », où l’élève n’apprend plus à formuler sa propre pensée.
Pourtant, l’IA peut être un levier d’innovation pédagogique… à condition de l’utiliser avec lucidité et esprit critique.
Le C.A.S. : Créer, Apprendre, Soigner
Face à ce constat, Lusetti propose une méthode inédite : le concept C.A.S., qui repose sur trois piliers essentiels.
Créer : L’écriture, la narration, l’imaginaire doivent retrouver une place centrale dans l’apprentissage. Produire un texte, même imparfait, est bien plus formateur que recopier un texte parfait généré par une IA.
Apprendre : Il s’agit de reconnecter l’élève à des savoirs vivants, à des expériences concrètes, plutôt que de stocker des informations prêtes à l’emploi. L’apprentissage actif, par projet, par questionnement, devient essentiel.
Soigner : La méthode C.A.S. intègre des outils inspirés des thérapies cognitivo-comportementales (TCC), pour accompagner les élèves dans la gestion du stress, la confiance en soi, et la remédiation cognitive. L’écriture expressive devient un outil thérapeutique autant qu’un exercice scolaire.
Cette approche globale vise à réparer le lien entre l’élève, son esprit critique, son émotion et le savoir.
Réconcilier humanisme et technologie
L’un des points forts de cet essai est de ne pas diaboliser l’IA. Au contraire, Olivier Lusetti invite à un usage raisonné et intelligent de ces outils. L’IA ne doit pas devenir un substitut à la pensée, mais un adjuvant pour stimuler la créativité, explorer de nouveaux formats, enrichir les débats.
Le défi est de taille : comment éviter que l’IA ne devienne un miroir vide, reflétant nos propres renoncements à penser ? Comment conserver une éducation qui forme des esprits libres, capables de s’émouvoir, d’argumenter, de rêver ?
L’enjeu du XXIe siècle : une pédagogie réparatrice
Dans un monde saturé d’écrans, de notifications et de contenus générés, l’école doit redevenir un lieu où l’on prend le temps. Le temps d’apprendre, d’explorer, de douter, de reformuler.
Le livre de Lusetti plaide pour une pédagogie réparatrice, qui refuse le prêt-à-penser et redonne à chaque élève la capacité de créer son propre chemin intellectuel. Cela passe par des pratiques concrètes : ateliers d’écriture, débats philosophiques, projets narratifs… tout ce qui réveille l’esprit critique et nourrit l’imaginaire.
Cette vision rejoint les réflexions actuelles sur l’éducation du futur : faut-il former des experts techniques ou des citoyens éclairés ? La réponse proposée par Lusetti est claire : sans conscience, la technologie devient un piège. Avec conscience, elle peut devenir un allié.
Pour celles et ceux qui souhaitent préserver la liberté de penser à l’ère de l’intelligence artificielle, Prêt-à-penser est un ouvrage essentiel. Il ne se contente pas d’alerter : il propose des solutions.
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