Dans un univers où les légendes prennent chair et où les créatures féeriques ne sont pas que des figures de contes, Un baiser maudit de Jenny Hickman (traduit par Axelle Longford) se déploie comme une fresque envoûtante mêlant mythe, romance et noirceur. Premier tome de la série Les légendes de Airren, ce roman embarque le lecteur sur une île maudite où la survie est une lutte de chaque instant et où les émotions sont aussi dangereuses que les monstres qui rôdent.
Derrière ses apparences de roman de fantasy YA, Un baiser maudit explore des thèmes puissants : la perte, le deuil, la soif de justice... et la complexité de l’amour lorsqu’il naît au cœur du chaos.
Une île maudite où la magie est à double tranchant
Bienvenue à Airren, une île rongée par des siècles de malédictions et d’affrontements surnaturels. Ici, les créatures féeriques — fae, sorcières, Gancanagh — ne vivent pas en harmonie avec les humains : elles les chassent, les séduisent… puis les détruisent.
Dans ce décor imprégné de folklore celte et de dark fantasy, Keelynn, l’héroïne, entame une quête désespérée. Sa sœur est morte, victime d’un Gancanagh, créature séduisante et meurtrière qui tue d’un simple baiser. Pour tenter l’impossible — la ramener à la vie — Keelynn pactise avec une sorcière. En échange, elle doit tuer l’immortel responsable du drame.
Le roman s’ouvre ainsi sur un dilemme moral fort : jusqu’où est-on prêt à aller pour réparer l’irréparable ? La magie offre une solution, mais à quel prix ? Et que se passe-t-il lorsqu’on choisit de répondre à la violence par la violence ?
Un duo explosif et une romance entre ennemis
Keelynn ne peut accomplir sa mission seule. Elle s’allie malgré elle à Tadhg, un demi-fae marginal, aussi insolent que séduisant. Tout les oppose : elle est humaine, lui est à moitié immortel. Elle a une mission, il fuit les responsabilités. Pourtant, la proximité forcée, l’intérêt commun et leurs échanges mordants créent une tension électrisante.
On retrouve ici les codes efficaces du trope enemies to lovers, savamment exploité par l’autrice : les joutes verbales, les non-dits, l’attirance réprimée. Mais cette romance, loin d’être légère, s’inscrit dans un contexte brutal : trahisons, secrets, et lutte intérieure. Tadhg, qui semble d’abord ne vouloir que son plaisir et sa liberté, se révèle peu à peu complexe, marqué par ses propres blessures.
La romance ne vient donc jamais édulcorer le récit : elle l’intensifie, en le rendant plus émotionnel et plus risqué.
Quand la vengeance devient un rite initiatique
Keelynn est une héroïne tourmentée, mue par le chagrin et la colère. À travers sa quête, elle apprend que la vengeance, si elle offre une illusion de contrôle, n’efface pas la douleur. Au fil des chapitres, son regard sur le monde — et sur elle-même — se transforme.
Ce récit de fantasy n’est pas qu’une aventure : c’est un rite initiatique, une traversée intérieure où la jeune femme affronte autant ses démons que les créatures d’Airren. Les dilemmes éthiques, les blessures du passé et la fragilité de ses espoirs en font un personnage profondément humain.
Jenny Hickman construit avec soin l’évolution de Keelynn, en équilibre entre rage et vulnérabilité, détermination et doute. Ce cheminement trouve écho chez les lectrices et lecteurs qui aiment les héroïnes fortes mais nuancées, qui doivent se reconstruire tout en avançant.
Un monde riche entre mythes celtes et univers visuel
Airren n’est pas une simple toile de fond. L’île, avec ses landes brumeuses, ses forêts hantées, ses villes en ruine, est presque un personnage à part entière. L’atmosphère est dense, visuelle, et imprégnée de mysticisme.
L’univers s’inspire librement du folklore irlandais et écossais, avec ses fae, ses pactes dangereux, ses sorcières exilées. Mais Jenny Hickman y injecte une originalité bienvenue : les créatures ne sont pas manichéennes, la magie est toujours ambiguë, et les rituels sont imprégnés d’un symbolisme fort.
L’intrigue, bien rythmée, alterne scènes d’action, moments introspectifs, et révélations qui maintiennent le suspense tout au long du récit. Les lecteurs et lectrices friands de romantasy à l’ambiance sombre y trouveront une proposition séduisante.
Un glossaire, proposé en fin d’ouvrage, permet de mieux cerner les termes et créatures spécifiques à l’univers, tout en renforçant l’immersion.
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