Viola Ardone, après Le Train des enfants et Le Choix, revient avec un récit d’une profonde humanité, Les Merveilles, finaliste du Prix du Roman FNAC 2024. Ce roman nous plonge dans l’Italie de la fin du XXe siècle et nous offre un regard intime et tendre sur les marges de la société : celui d’une enfant grandissant au cœur d’un asile psychiatrique, entre ombre et lumière, fragilité et espoir.
Un regard d’enfant sur un monde de « fêlés »
Elba, la jeune héroïne du roman, vit depuis toujours dans ce qu’elle appelle « le monde-à-moitié » : un asile psychiatrique napolitain, refuge et prison à la fois. Abandonnée par sa mère, elle observe, consigne et s’interroge. Avec ses yeux d’enfant, elle scrute les gestes, les silences, les détresses des « félins » qui peuplent l’institution. À travers son Journal des maladies du mental, Elba dresse le portrait de ces existences cabossées qui, pourtant, dévoilent mille merveilles insoupçonnées.
Viola Ardone parvient à traduire l’innocence mêlée de lucidité d’Elba avec une justesse remarquable. Ce regard neuf sur la folie interroge notre propre normalité, nos préjugés, et rappelle que la frontière entre raison et déraison est bien plus poreuse qu’il n’y paraît.
La quête de liberté au cœur de la révolte des années 1980
Le contexte du roman, celui de l’Italie post-loi Basaglia qui prévoit la fermeture des asiles et la libération des patients, apporte une dimension historique essentielle. Le docteur Fausto Meraviglia, personnage central, incarne ce souffle de révolte et de changement. En prenant Elba sous son aile, il découvre la puissance des liens choisis, la paternité sans le sang, et le poids des responsabilités.
À travers cette figure, Les Merveilles rend hommage à ceux qui ont osé défier un système enfermant au nom de l’humanité. Ce combat pour la dignité des « fêlés » rejoint des enjeux contemporains : la place des personnes marginalisées, le droit à la différence, l’inclusion des vulnérables.
L’amour comme force de résilience
Les Merveilles est avant tout un roman d’amour au sens le plus large : l’amour filial, l’amour de l’autre dans sa singularité, l’amour comme moteur de libération. Elba et Fausto, deux âmes cabossées, apprennent à s’aimer à leur manière, au-delà des mots, des blessures et des maladresses. Cet amour devient une boussole dans un monde en plein bouleversement.
Viola Ardone livre ici un hommage vibrant au pouvoir des mots, à leur capacité à réparer, à relier, à ouvrir des portes que l’on croyait closes. Son écriture poétique et sensible donne à ce récit une résonance universelle qui touche au cœur.
Une plongée dans l’Italie intime et sociale
Comme dans ses précédents romans, Viola Ardone tisse avec Les Merveilles un portrait vivant et incarné de l’Italie populaire. Naples, avec ses contrastes, son âpreté et sa chaleur, devient un personnage à part entière. L’asile, microcosme du monde, reflète les fractures et les espoirs d’un pays en quête de renouveau.
L’autrice pose un regard bienveillant mais sans complaisance sur les failles de la société italienne : le poids des traditions, l’exclusion, mais aussi la solidarité et la beauté des petites révolutions du quotidien.
Les Merveilles est un livre à lire pour quiconque s’intéresse aux destins brisés, aux grandes réformes oubliées et aux combats silencieux des êtres en marge. Un roman qui bouleverse, émeut et éclaire.
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