Quand l’histoire locale croise les grandes manœuvres géopolitiques, le résultat est un roman d’espionnage aussi surprenant que captivant. Avec Nid d’espions au Haut-Koenigsbourg, Pierre Kretz livre une intrigue à la fois fine, mordante et solidement ancrée dans un contexte historique oublié : la présence d’une mine d’uranium au pied du château du Haut-Koenigsbourg, en pleine guerre froide.

Une Alsace sous haute surveillance

Nous sommes en 1961. La guerre froide bat son plein, et la France gaullienne mise tout sur sa stratégie de souveraineté énergétique, notamment via le nucléaire. C’est dans ce climat tendu que débarque Edmond Lenoir, agent du contre-espionnage français. Sa mission : surveiller discrètement le personnel de la mine d’uranium de Saint-Hippolyte, à deux pas du célèbre château alsacien.

Mais ce que Lenoir découvre va bien au-delà de simples soupçons de fuites d’informations. Il met le pied dans une fourmilière : petits secrets locaux, personnages hauts en couleur, alliances improbables, le tout sur fond de méfiance entre « la France de l’intérieur » et l’Alsace, encore marquée par les traumatismes de la Seconde Guerre mondiale.

Un roman d’espionnage à la sauce alsacienne

Ce qui distingue Nid d’espions au Haut-Koenigsbourg des thrillers traditionnels, c’est son ton subtilement décalé et profondément humain. Pierre Kretz, en fin connaisseur de sa région, ne se contente pas de livrer une intrigue tendue : il nous plonge dans l’ambiance particulière d’une Alsace rurale des années 60, partagée entre loyauté nationale, mémoire douloureuse et singularité culturelle.

On retrouve ici :

  • Des dialogues croustillants, empreints d’humour et de dialecte local ;

  • Des personnages attachants ou exaspérants, mais toujours justes dans leur complexité ;

  • Une tension maîtrisée, faite d’observations, de silences, de sous-entendus – plus que de fusillades.

Un récit où l’espionnage est autant une affaire de finesse que de filature, et où l’enjeu n’est pas seulement politique, mais aussi identitaire.

Le poids du nucléaire dans les années 60 : un thème toujours actuel

L’un des mérites majeurs du roman est de remettre en lumière un épisode oublié de l’histoire énergétique française : l’exploitation d’uranium dans l’est de la France, à une époque où l’indépendance nationale passait aussi par le contrôle du nucléaire.

À travers les yeux de Lenoir, lecteur et lectrice découvrent :

  • Les enjeux stratégiques du nucléaire français naissant,

  • Les luttes d’influence entre grandes puissances,

  • La façon dont des territoires périphériques deviennent malgré eux des pions sur l’échiquier mondial.

Autant de résonances actuelles, à l’heure où la souveraineté énergétique et les tensions géopolitiques redeviennent des questions brûlantes.

Section pratique : repères historiques et littéraires

À retenir sur le contexte :

  • La mine d’uranium de Saint-Hippolyte a réellement existé et a été exploitée dans les années 1950-60.

  • Le Haut-Koenigsbourg, monument emblématique, devient dans le roman un point d’observation symbolique, entre histoire et espionnage.

  • Le climat de 1961, entre guerre froide et remaniements politiques en France (décolonisation, affaire algérienne, construction européenne), nourrit la tension sous-jacente.

Pour les lecteurs qui aiment :

  • Les polars historiques mêlant réalité et fiction ;

  • L’humour subtil à la San Antonio, mais plus sobre ;

  • Les romans d’ambiance régionale, avec un vrai travail de style et de contexte ;

  • Les récits d’espionnage plus psychologiques que musclés, dans la veine de Le Carré ou Eric Ambler.


Entre mémoire régionale, grande Histoire et comédie humaine, Nid d’espions au Haut-Koenigsbourg offre une lecture aussi enrichissante que divertissante.

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