Peut-on naître du mauvais côté de l’Histoire et choisir de la réécrire ?
Dans Embrasser mes étoiles, Carole Declercq nous plonge au cœur de la Sicile mafieuse, dans une fresque intime et tragique qui mêle la violence d’un héritage familial et la lumière d’une révolte intérieure. À travers le regard de Rina, jeune fille marquée par les deuils et les secrets, l’autrice dresse le portrait bouleversant d’une adolescence sacrifiée, mais aussi d’une femme prête à briser les chaînes de l’omertà.

Une enfance en deuil, un destin en sursis

Rina n’a jamais connu la légèreté de l’enfance. Dans sa ville sicilienne gouvernée par la peur, les disparitions sont banalisées, les femmes s’habillent en noir dès la puberté, les enfants grandissent dans la haine et la promesse de vengeance. Car Rina n’est pas une enfant comme les autres : son père est le « parrain » local, un homme craint, respecté, détesté — et bientôt assassiné.

Ce meurtre marque un point de bascule. Le frère de Rina devient le dernier rempart masculin de la famille, et son tour semble venir. Mais Rina refuse de rester une victime passive, de se contenter du rôle de pleureuse silencieuse. Contre toute attente, elle décide de mener sa propre vendetta.

La vendetta au féminin : un combat interdit

Là où la mafia attend des femmes qu’elles pleurent, Rina décide de combattre. Elle veut savoir, comprendre, nommer les coupables. Mais dans une société où la loi du silence (l’omertà) protège les tueurs et tue les innocents, sa décision est perçue comme une trahison.

Elle trouve un allié inattendu en la personne de Paolo Borsellino, magistrat célèbre pour son combat contre la mafia (et figure historique réelle). Ensemble, ils vont tenter de faire vaciller un système millénaire, au prix de leur sécurité, de leur réputation, de leur vie même.

Rina devient ainsi l’incarnation d’un courage rarissime : celui de dire non à sa propre lignée, à sa propre culture, pour embrasser une étoile plus haute — celle de la justice, de la vérité, de la liberté.

Une écriture sensible et tendue, entre roman initiatique et drame social

La plume de Carole Declercq est à la fois littéraire, poétique et d’une grande précision émotionnelle. Elle capte avec justesse :

  • La brutalité du quotidien mafieux, avec ses codes, ses silences, ses règles étouffantes

  • Le tiraillement intérieur d’une héroïne partagée entre loyauté filiale et quête d’émancipation

  • La beauté de la Sicile, écrasée de soleil mais gangrenée par la peur

  • L’intimité des douleurs féminines, souvent muettes, souvent sacrifiées, mais ici rendues visibles et puissantes

Ce roman, qui s’appuie sur une trame fictionnelle ancrée dans un contexte politique et historique fort, réussit le pari d’être à la fois personnel et universel, poignant et engagé.

Pourquoi lire Embrasser mes étoiles ?

  • Pour découvrir un récit poignant sur la mafia vu de l’intérieur, à travers une héroïne jeune et rebelle

  • Pour une immersion dans la culture sicilienne, ses traditions, ses non-dits, et sa violence structurelle

  • Pour un personnage féminin puissant, nuancé, courageux, qui choisit de briser un cycle destructeur

  • Pour une écriture fine, immersive, émotionnellement juste, qui donne chair aux silences et aux cris étouffés

  • Pour une histoire où l’émancipation passe par la vérité, même quand elle coûte tout

Embrasser mes étoiles est un roman de lutte et de lumière, un cri contre l’héritage de la peur, un hymne à celles qui refusent de se taire. Il nous rappelle que parfois, défier le destin, c’est choisir d’aimer la justice plus que la famille.

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