Et si perdre son ombre, c’était aussi perdre son âme… et son pouvoir ? Dans La sorcière sans ombre, premier tome du Guide pratique des monstres, Genoveva Dimova nous livre une fantasy urbaine audacieuse, inventive et furieusement originale, portée par une héroïne caustique, un bestiaire inspiré du folklore slave et une atmosphère aussi sombre que délicieusement mordante.
Traduit avec brio par Marika Gallman, le roman se situe à mi-chemin entre thriller surnaturel, comédie acide et mythe revisité, dans une ville fortifiée où cohabitent — tant bien que mal — monstres et magiciens, secrets et manipulations.
Un must-read pour les fans de Ben Aaronovitch, Leigh Bardugo ou Seanan McGuire, en quête d’une fantasy moderne où l’action et l’intelligence dialoguent sans relâche.
Kosara : sorcière, cynique et sans ombre
L’héroïne, Kosara, est tout sauf une magicienne conventionnelle. Dans les ruelles troubles de Tchernograd, elle officie en tant que sorcière urbaine : dompter les rusalkas, soigner les griffures de loups-garous, composer des potions anti-monstres... un quotidien ordinaire, jusqu’au jour où elle défie son ex, qui n’est autre que le Zmeï, le Tsar des Monstres.
Kosara pensait fuir cet ancien amant dangereux. Elle se retrouve traquée, trahie et contrainte de sacrifier son ombre — la source de ses pouvoirs — pour s’enfuir. Mais cette fuite n’est qu’un sursis : la perte de son ombre déclenche une maladie mortelle, et le seul moyen d’y échapper est… de retourner là où tout a commencé.
Dimova dépeint une héroïne complexe, mordante, vulnérable sans être faible, dont la voix narrative, à la fois ironique et percutante, donne un relief saisissant à chaque page.
Une enquête surnaturelle aux enjeux mortels
Kosara s’allie à un détective ambigu, aux motivations nébuleuses, pour enquêter sur une série d’événements mystérieux et tenter de retrouver son ombre avant qu’il ne soit trop tard. Ce duo improbable — teinté de tension, d’humour et de désir latent — alimente une dynamique enemies-to-allies particulièrement savoureuse.
Mais dans Tchernograd, ville décrépite encerclée par un mur infranchissable et infestée de monstres folkloriques, chaque choix peut être fatal, chaque vérité un leurre. Kosara devra affronter les fantômes de son passé, les pièges du présent et les manipulations du Tsar des Monstres, dont l’ombre plane sur toute l’histoire.
Ce thriller magique aux accents gothiques devient alors une véritable descente aux enfers, rythmée par des rebondissements habilement dosés, un humour grinçant et des scènes d’action visuellement puissantes.
Un univers riche en folklore slave et en magie urbaine
L’un des atouts majeurs du roman est sans conteste la construction de l’univers, inspiré des mythes slaves revisités sous un prisme moderne. Rusalkas, kikimoras, lycanthropes et autres entités surnaturelles évoluent dans une société codifiée, fragile, et gangrenée par les intérêts politiques et magiques.
Dimova déploie un worldbuilding cohérent, inventif et visuellement marquant, où chaque créature a son rôle, chaque sort sa conséquence. L’autrice ne cède jamais à la sur-explication : elle fait confiance au lecteur pour se repérer dans ce chaos organisé, tout en glissant des touches d’humour et de dérision qui rendent la lecture fluide et immersive.
On est à la fois dans une dark fantasy politique, une romance teintée de noirceur, et un roman d’apprentissage inversé, où l’héroïne n’apprend pas à devenir puissante, mais à survivre sans l’être.
Pratique : pourquoi La sorcière sans ombre est une fantasy à ne pas manquer
Pour une héroïne badass, caustique et vulnérable, qui vous accroche dès la première ligne
Pour une intrigue haletante, entre quête d’identité, vengeance amoureuse et thriller magique
Pour un univers profondément original, puisant dans le folklore slave avec modernité
Pour un bestiaire monstrueux aussi effrayant qu’attachant, avec ses codes et ses tragédies
Pour une écriture fluide, rythmée, drôle et mordante, servie par une excellente traduction
Avec La sorcière sans ombre, Genoveva Dimova ouvre une saga prometteuse et incroyablement bien ficelée, mêlant fantasy urbaine, folklore et thriller psychologique. Le ton est vif, le style impeccable, et les personnages inoubliables.
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