Un père mourant, des réponses en suspens
Lucie revient au chevet de son père, mais c’est moins pour lui dire adieu que pour essayer, enfin, de comprendre. De comprendre qui il est. Ce qu’il a été – ou n’a pas été – pour elle. Et ce qu’il a laissé derrière lui : une absence lourde, un vide jamais comblé, une mère blessée et des souvenirs confus, souvent douloureux.
Dans Mauvaise fille, Ismérie de Lesser donne à voir cette confrontation ultime entre une fille et un père quasi fantôme, dans l’intimité d’une chambre d’hôpital, mais aussi dans les méandres du passé. Le récit oscille entre présent et souvenirs, pour mieux dessiner le puzzle d’une vie éclatée.
Des femmes fortes, abîmées, résilientes
Lucie a grandi parmi les femmes : une mère en chute libre, consumée par ses douleurs ; une grand-mère aux silences étouffants ; des tantes, des figures féminines multiples, parfois aimantes, souvent défaillantes. Les hommes ? Ils sont absents, ou flous. Trop lâches, trop violents, trop secrets. Le père biologique ? Un mystère. Le père de cœur ? Peut-être. Mais aucun n’a su, ou voulu, assumer pleinement leur place.
Le roman dépeint avec justesse les liens complexes, souvent ambigus, entre les femmes de cette lignée cabossée. L’amour y est présent, mais toujours en tension avec les blessures, les rancœurs, les attentes non satisfaites. C’est un héritage invisible, mais pesant, que Lucie tente de décoder.
Une écriture viscérale, sans fard
Le style d’Ismérie de Lesser est direct, percutant, parfois brutal. Pas de fioritures : les mots touchent juste, comme des coups qui résonnent longtemps. On sent dans chaque phrase une urgence : celle de dire, de comprendre, de mettre à nu les douleurs pour mieux les dépasser. C’est une écriture profondément incarnée, qui ne cherche ni la consolation facile ni la victimisation.
Mauvaise fille, c’est un cri, mais aussi une main tendue. Un roman qui ne juge pas, mais qui interroge. Peut-on se construire sans vérité ? Comment briser les cycles de souffrance transmis de génération en génération ? À quel moment devient-on coupable de se taire, de ne pas aimer, ou de ne plus vouloir porter le poids des autres ?
Une exploration intime de l’héritage familial
Au fil du récit, Lucie questionne son identité, ses blessures, mais aussi sa responsabilité. Est-elle une “mauvaise fille” pour oser dire ce que d’autres taisent ? Pour refuser le pardon automatique ? Pour vouloir se libérer des fantômes du passé ?
Ismérie de Lesser ne donne pas de réponses toutes faites. Elle offre un regard nuancé, lucide, sur la complexité des liens familiaux. Sur les traumatismes que l’on subit, que l’on reproduit, et que l’on peut – parfois – dépasser. Le roman devient alors un chemin de résilience, un lent travail de deuil et de reconstruction.
Une lecture bouleversante et nécessaire
Mauvaise fille est un roman court, mais d’une intensité rare. Il bouscule, dérange, mais surtout, il éclaire. Dans une époque où beaucoup de voix s’élèvent pour briser les tabous familiaux, ce livre résonne avec une sincérité désarmante. Il parle d’addiction, de secrets, de filiation, mais surtout, de vie. De la vie qu’on choisit de reprendre en main, envers et contre tout.
Mauvaise fille est un roman poignant à mettre entre toutes les mains : celles qui ont aimé sans retour, celles qui cherchent encore des réponses, et celles qui refusent de porter seules les poids du passé. Un texte fort sur la liberté d’être soi, même quand cela signifie déplaire ou déranger.
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