Maman a un secret : quand l’innocence des enfants devient la voix du passé

Dans Maman a un secret, Kin Shassa signe un thriller psychologique troublant où le passé remonte à la surface sous les traits d’un ami imaginaire. Un roman qui explore les zones grises de la mémoire, de la maternité et de la culpabilité.

Une famille parfaite… en apparence

Clara a tout pour inspirer l’envie. Une carrière brillante, un fiancé attentionné, une jolie maison, et surtout, Emma, sa fille de sept ans. Une petite fille vive, attachante, pleine d’imagination — peut-être un peu trop.

Tout bascule le jour où Emma évoque son nouvel ami imaginaire : Mih. Au départ, Clara n’y prête pas attention. Après tout, de nombreux enfants se créent des compagnons fictifs pour tromper l’ennui ou la solitude. Mais Mih n’est pas comme les autres. Il sait des choses que personne n’a jamais dites à Emma. Il murmure des secrets enfouis. Et il semble, peu à peu, prendre trop de place dans leur vie.

Quand le passé frappe à la porte… et entre sans prévenir

L’arrivée impromptue des deux neveux de Clara aurait pu n’être qu’un contretemps logistique. Mais les tensions s’installent. La maison se rétrécit. Les repères vacillent. Et ce que Clara s’efforce de cacher depuis des années semble se rapprocher dangereusement de la surface.

Car Clara a un secret. Un lourd, un ancien, un de ceux qu’on enterre dans les plis du quotidien, jusqu’à croire qu’il a disparu. Sauf que les secrets ne meurent jamais vraiment. Ils changent de forme. Ils prennent la voix d’un enfant. Parfois, celle d’un ami imaginaire...

Un thriller psychologique mené avec une tension constante

Avec Maman a un secret, Kin Shassa joue à merveille avec les codes du thriller domestique. L’ambiance, d’abord paisible, glisse lentement vers un climat d’angoisse grandissante. La maison devient le théâtre d’un huis clos oppressant, où chaque bruit, chaque regard, chaque mot d’Emma fait monter la tension.

Le récit explore les thèmes de la maternité, de la mémoire, de la culpabilité, mais aussi celui, universel, du poids des non-dits familiaux. Clara est une femme qui vacille, une mère qui doute, et une narratrice à laquelle on ne peut pas toujours faire confiance. Ce flou, cette incertitude constante entre réalité et fantasme, maintient le lecteur en haleine jusqu’aux toutes dernières pages.

Emma, Mih, et les monstres qu’on ne voit pas

Le personnage d’Emma est l’un des plus fascinants du roman. À la fois lumineuse et inquiétante, elle incarne cette frontière floue entre l’enfance et le monde adulte, entre imagination et vérité. L’ami imaginaire Mih devient peu à peu un miroir déformant, une voix venue d’ailleurs, et un déclencheur puissant.

Ce choix narratif permet à Kin Shassa d’aborder de façon originale un sujet grave, tout en gardant un équilibre subtil entre suspense et émotion. Car si l’histoire est sombre, elle n’est jamais gratuite. Chaque élément est là pour révéler une faille, une peur, une vérité.

Pour les amateurs de thrillers psychologiques intimes

Maman a un secret séduira les lectrices et lecteurs de Delphine de Vigan, Lisa Gardner ou encore Gillian Flynn. Ce thriller psychologique, tout en tension retenue, s’attarde moins sur le spectaculaire que sur les dérapages invisibles de la normalité, ces instants où tout peut basculer sans prévenir.

L’écriture est fluide, immersive, et parfaitement rythmée pour une lecture en apnée. Le twist final, maîtrisé et surprenant, donne une toute nouvelle lecture à certains détails passés inaperçus.

À lire si vous aimez :

  • Les thrillers psychologiques à huis clos

  • Les secrets de famille et les voix d’enfants troublantes

  • Les personnages féminins complexes et ambivalents

  • Les récits où l’enfance est à la fois refuge… et menace

Maman a un secret est une plongée dans l’inconnu, une exploration des blessures que l’on croit cicatrisées, et une redoutable réussite de tension psychologique.

Mais rappelez-vous : parfois, ce ne sont pas les enfants qui inventent des monstres… ce sont les monstres qui parlent à travers eux.

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