Grandir sous tension
Peter n’est pas un enfant comme les autres. À 11 ans, il connaît le maniement des armes, la stratégie militaire, les règles des échecs, l’endurance en milieu hostile. Chaque week-end, depuis deux ans, son père l’a préparé. Pour un jour. Ce jour. Celui où tout bascule.
Quand son père débarque chez lui, blessé et paniqué, Peter sait qu’il faut partir. Fuir, sans poser de questions. Accompagné de sa mère, il prend place dans un vieux minivan et quitte sa maison, son école, son quotidien. Direction : une ferme isolée en Pennsylvanie, en plein territoire amish. Un monde hors du temps.
Mais bientôt, le père disparaît. Et Peter reste seul avec sa mère, face à une menace invisible, mais bien réelle.
Un thriller d’anticipation… ou une réalité parallèle ?
Quand ils viendront s’ouvre comme un thriller domestique, mais glisse très vite vers quelque chose de plus complexe, plus dérangeant. Qui sont ils ? Pourquoi cette cavale ? Quels sont ces ennemis qu’on ne voit jamais ? René Manzor installe une tension sourde, constante. Chaque détail prend de l’importance, chaque souvenir devient suspect.
Mais ce roman, c’est aussi l’histoire d’un enfant pris dans un jeu d’adultes dont il ne maîtrise ni les règles ni les enjeux. Et c’est là toute la force du récit : à travers les yeux de Peter, le lecteur ressent la confusion, l’angoisse, mais aussi la détermination farouche d’un garçon prêt à tout pour protéger ce qu’il lui reste.
Un huis clos en pleine nature
L’action se déroule majoritairement dans un décor aussi paisible qu’inquiétant : une vieille ferme entourée de champs, loin de toute modernité. Pas de téléphone. Pas d’Internet. Pas de renfort. Seulement Peter, sa mère, et l’attente.
René Manzor exploite brillamment ce cadre. Le silence devient assourdissant, les ombres plus menaçantes qu’un champ de bataille. On y respire le froid, on entend les planches craquer, on guette le moindre bruit suspect.
Le choix d’un territoire amish n’est pas anodin : au-delà du contraste saisissant avec l’entraînement paramilitaire reçu par Peter, il renforce l’impression de se trouver dans un monde parallèle, où les repères s’effacent.
Un roman sur la transmission… et la peur
Quand ils viendront ne se limite pas à une course-poursuite. C’est aussi une réflexion profonde sur la parentalité, l’amour filial, la paranoïa, et la manière dont on transmet – ou impose – ses peurs à ses enfants. Le père, en figure quasi messianique, oscille entre protecteur visionnaire et homme brisé par ses propres démons.
Peter, lui, incarne l’innocence sacrifiée, mais aussi une forme d’espoir. Malgré le poids de l’angoisse, il cherche à comprendre, à s’affranchir, à grandir.
René Manzor donne à son jeune héros une voix singulière, à la fois enfantine et lucide, pleine d’humanité.
Un auteur de thriller à part
Réalisateur, scénariste et romancier, René Manzor a cette capacité rare à mêler la tension narrative d’un film d’action au souffle émotionnel d’un drame intime. Avec Quand ils viendront, il confirme son talent de conteur et sa capacité à explorer la psychologie humaine, même dans ses zones les plus sombres.
Lauréat de nombreux prix du polar, Manzor livre ici un roman dense, haletant, mais profondément touchant. Une histoire de survie, oui, mais aussi de résilience et d’amour filial.
À lire si vous aimez :
Les thrillers psychologiques avec une forte dimension humaine
Les récits d’enfance confrontée à l’extrême
Les atmosphères oppressantes en huis clos
Quand ils viendront de René Manzor est disponible sur IZIBOOKS.



