Que reste-t-il de l’humain quand la guerre l’a dépouillé de tout, sauf de ses souvenirs ? Avec Et chaque fois mourir un peu, Karine Giebel signe une œuvre magistrale, à la croisée du thriller psychologique, du récit humanitaire et du drame intime. Cette intégrale, composée des deux tomes Blast et Trauma(s), plonge le lecteur dans l’esprit d’un homme brisé qui tente de survivre à ce qu’il a vu… et à ce qu’il est devenu.
Plus qu’un roman, c’est un face-à-face avec la souffrance du monde et celle, silencieuse, des survivants.
Grégory, infirmier humanitaire, a tout donné. Pendant près de vingt ans, il a soigné, accompagné, soulagé — dans les pires zones de guerre de la planète. Sarajevo, Gaza, Tchétchénie, Congo, Afghanistan… Autant de noms qui résonnent comme des blessures collectives. Il y est allé sans arme, mais en première ligne, offrant sa compassion et sa résistance au nom de la vie.
L’enfer sans uniforme : quand l’humanitaire devient un champ de bataille
L’un des grands mérites du roman est de rendre visible l’invisible : le rôle des soignants dans les conflits armés. Grégory n’est ni soldat, ni journaliste, ni diplomate. Il est celui qui reste quand tout s’effondre, qui panse les plaies, accompagne les derniers souffles, tente de protéger l’humain au cœur de l’inhumain.
Mais cette exposition permanente à l’horreur laisse des traces. Giebel ne cède jamais au pathos, mais explore avec une rare justesse les cicatrices invisibles du trauma, ces blessures qu’aucun bandage ne couvre. Grégory ne revient pas indemne. Il ramène la guerre en lui, et cette guerre, il devra l’affronter seul.
Un thriller de l’intime et de l’indicible
Dans la seconde partie du diptyque, Trauma(s), le ton devient plus intérieur, plus vertigineux. Le danger ne vient plus des balles, mais de l’implosion psychique. La tension, bien que sourde, est omniprésente. C’est un thriller sans meurtre ni course-poursuite, où l’urgence est ailleurs : tenir, encore un jour. Survivre à la mémoire. Ne pas sombrer.
Ce combat intérieur est mis en lumière à travers la relation bouleversante entre Grégory et Paul, son frère d’armes, celui qui l’a vu tomber et tente de le maintenir debout. Leur amitié, pilier central du récit, est décrite avec une pudeur et une intensité rare. C’est le dernier fil entre la lumière et l’abîme.
Guerre, mémoire et fraternité : les grands thèmes du roman
Karine Giebel nous entraîne dans une fresque humaine et politique, où chaque choix, chaque silence, chaque regard porte un poids immense. Le livre interroge frontalement :
Jusqu’où peut-on aller par idéal ?
Quelles sont les limites du sacrifice ?
Peut-on vraiment revenir d’un enfer qu’on a choisi ?
Et surtout : comment continuer à vivre quand on ne sait plus qui on est ?
C’est un roman sur l’usure de l’âme, la solitude des survivants, mais aussi sur la fraternité et l’amour désespéré de la vie. L’écriture est vive, précise, sans concession. Giebel parvient à capter l’intensité brute des émotions sans jamais les surjouer.
Un livre essentiel sur les blessures invisibles des héros ordinaires
Avec Et chaque fois mourir un peu, Karine Giebel ne raconte pas simplement l’histoire d’un homme, mais celle de milliers de soignants, de civils, de soldats, qui reviennent du front avec des séquelles muettes. Elle éclaire cette guerre silencieuse, postérieure aux conflits, que peu acceptent de voir.
En cela, ce livre est plus qu’un roman : c’est une dénonciation, une mémoire, un appel.
Pour tous ceux qui s’interrogent sur la guerre, l’engagement humanitaire, la résilience, c’est une lecture incontournable, aussi bouleversante que salutaire.
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