Parfois, la vie éloigne les êtres que tout semblait relier, avant de les faire se recroiser au moment où ils en ont le plus besoin. Dans Stargazing, Morgane Rugraff nous offre une romance contemporaine aussi douce qu’intense, qui parle de reconstruction, de blessures profondes, et de ce fragile espoir qui naît quand on décide de tendre la main à l’autre.
Ce roman met en scène deux trajectoires brisées — celles de Rine et Björn — que tout semble séparer, sauf une chose : un passé commun, aussi flou qu’inoubliable. Stargazing n’est pas simplement une histoire d’amour : c’est une plongée dans les abysses de la douleur humaine, un récit de rédemption et de seconde chance, porté par une plume sensible et lumineuse.
Quand le passé revient frapper à la porte
Rine, ancienne ballerine prometteuse, voit sa carrière brisée par un accident. Elle tente désormais de recoller les morceaux de son existence, loin des projecteurs, dans une solitude qu’elle n’a pas choisie. Son corps ne répond plus comme avant, et son âme, elle, vacille encore dans les souvenirs d’un avenir envolé.
De son côté, Björn mène un autre type de combat : récupérer la garde de sa fille, tout en affrontant ses démons personnels et le regard implacable des services sociaux. Issu d’un foyer marqué par la violence, il avance sur un fil ténu entre colère rentrée, culpabilité, et tendresse paternelle.
Leur lien ? L’enfance. Une époque floue, marquée par la distance mais aussi par des regards échangés entre deux maisons voisines. Rine était "la petite ballerine de la maison d’en face". Björn, "le garçon qui l’observait en silence, derrière la fenêtre de la maison bruyante".
Deux solitudes qui se reconnaissent
Ce qui rend Stargazing si émouvant, c’est la manière dont Morgane Rugraff décrit les silences. Ce ne sont pas les grandes déclarations qui construisent la relation entre Rine et Björn, mais les gestes retenus, les maladresses, les regards qui disent tout.
Ils ne se comprennent pas immédiatement. Ils ne tombent pas amoureux en un claquement de doigts. Ils se reconnaissent, dans leur douleur, dans leur silence, dans leur solitude. Et c’est cette reconnaissance qui devient peu à peu un refuge, une échappatoire, un début de guérison.
La romance prend donc le temps d’exister, de respirer. Elle est fragile, parfois heurtée, mais profondément authentique.
Une atmosphère douce-amère, à la fois réaliste et poétique
Le style de Morgane Rugraff oscille entre la sobriété du réel et la poésie des émotions. Elle ne cherche pas à édulcorer les difficultés que traversent ses personnages : les traumatismes, la souffrance physique et psychologique, la précarité affective, la peur de l’échec sont tous présents.
Mais à travers ces épreuves, elle fait aussi briller la lumière des petits instants : une étoile qui traverse le ciel, un mot tendre inattendu, une main tendue au bon moment. Le titre Stargazing (littéralement « regarder les étoiles ») devient alors une métaphore magnifique : face au chaos, on lève les yeux vers le ciel pour y chercher de l’espoir.
Un roman sur la résilience et l’amour réparateur
Stargazing est avant tout une histoire de reconstruction. Celle d’un homme qui veut redevenir un père. Celle d’une femme qui veut redevenir elle-même. Et dans cette quête, l’amour apparaît non pas comme une solution magique, mais comme un appui fragile, sincère, essentiel.
C’est une œuvre profondément humaine, qui parle de la douleur sans l’exploiter, et de l’amour sans l’idéaliser. Une ode à la vulnérabilité, à la force qu’il faut pour se reconstruire quand tout semble perdu… et à la beauté de deux âmes qui, un jour, ont décidé de ne plus se fuir.
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