Et si le sport disait tout — ou presque — de notre rapport à la République, à l’école, à l’égalité, à la culture, et même à notre place dans le monde ? C’est le postulat de l’essai La France n’est pas un pays de sport ? signé par Guillaume Dietsch et Jean-Baptiste Guégan, deux spécialistes reconnus du sport, de ses pratiques et de ses enjeux.
Dans cet ouvrage à la fois lucide, engagé et accessible, les auteurs explorent une contradiction bien française : nous sommes fascinés par le sport-spectacle, fiers de nos champions, enthousiastes devant les grands événements… mais bien plus frileux lorsqu’il s’agit de faire du sport un pilier de l’éducation, de la santé ou de la cohésion sociale.
Alors, la France aime-t-elle vraiment le sport ? Ou seulement l’image qu’il lui renvoie, à travers le prisme de la performance et de l’élite ? Cet article revient sur les grandes lignes de ce livre stimulant, et sur ce que le sport révèle — en creux — de notre société.
Le paradoxe français : entre passion et négligence
Les chiffres sont éloquents : la France organise les plus grands événements internationaux (Coupe du monde de rugby, Jeux olympiques de Paris 2024, JO d’hiver 2030), dispose d’un vivier de talents reconnu mondialement, et célèbre ses champions comme des héros nationaux. Pourtant, dans le même temps, les inégalités d’accès au sport restent criantes, notamment en milieu scolaire et dans les quartiers populaires.
Guillaume Dietsch et Jean-Baptiste Guégan analysent ce paradoxe en profondeur. Selon eux, la France valorise le sport qui se regarde, mais délaisse celui qui se pratique. L’EPS est la grande absente des politiques éducatives ambitieuses, les clubs amateurs peinent à survivre, et l’activité physique reste inégalement répartie selon les territoires, les sexes et les milieux sociaux.
Ce double standard révèle un enjeu plus large : le sport en France est perçu comme un divertissement, pas comme un levier politique ou éducatif à part entière.
Le sport comme révélateur des fractures sociales
L’un des apports majeurs du livre est de montrer que le sport n’est pas un simple loisir, mais un miroir des tensions et des espoirs d’une société. Il met en lumière des questions cruciales :
Quelle place accorde-t-on au corps à l’école ?
Pourquoi les filles abandonnent-elles plus vite le sport que les garçons ?
Comment lutter contre les inégalités territoriales dans l’accès aux équipements ?
Le sport peut-il réellement favoriser la mixité sociale ?
Les auteurs croisent ici données sociologiques, références historiques et analyses géopolitiques pour dresser un état des lieux précis et nuancé. Le sport devient alors un observatoire : de notre rapport au collectif, à la performance, à la discipline, mais aussi aux normes sociales et aux modèles de réussite.
Un enjeu républicain : faire société par le sport
Loin de se limiter à un constat critique, La France n’est pas un pays de sport ? propose une lecture politique du sport. En tant que vecteur de citoyenneté, d’inclusion et d’émancipation, le sport pourrait jouer un rôle central dans la société française. Mais encore faut-il que les décideurs s’en emparent pleinement, au-delà des discours événementiels.
À l’heure où la France se prépare à accueillir les Jeux olympiques et paralympiques, les auteurs interpellent : quelles traces ces événements laisseront-ils dans les écoles, les clubs, les territoires ? Seront-ils un levier de transformation ou un feu de paille médiatique ?
Leur réponse est claire : le sport peut contribuer à construire la République de demain — s’il est enfin reconnu comme un pilier structurant des politiques publiques.
Quelques pistes concrètes pour repenser le sport en France
Voici quelques idées issues ou inspirées du livre, pour faire du sport un vrai levier d’inclusion et de progrès social :
Revaloriser l’EPS dans les programmes scolaires, avec plus d’heures et de moyens
Soutenir les clubs amateurs comme acteurs de lien social, notamment en zone rurale ou en QPV
Encourager la pratique féminine dès le plus jeune âge
Développer des infrastructures accessibles à tous (terrains, piscines, gymnases)
Intégrer le sport dans les politiques de santé publique de manière ambitieuse
Ces actions, si elles sont menées avec cohérence, pourraient transformer en profondeur le paysage sportif et sociétal français.
Un essai lucide et nécessaire sur une passion française en tension
La France n’est pas un pays de sport ? est un ouvrage essentiel pour toutes celles et ceux qui s’intéressent à l’impact du sport sur la société, l’éducation, la politique et la culture. Ni pamphlet, ni plaidoyer naïf, il propose une lecture engagée, exigeante et fondée, qui donne envie d’agir.
À travers leur double regard — académique et géopolitique —, Guillaume Dietsch et Jean-Baptiste Guégan nous offrent bien plus qu’un livre sur le sport : un regard critique sur une certaine idée de la France, de ses ambitions et de ses contradictions.
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