Là où les étoiles boucanent

Réédités en un seul volume, les trois premiers recueils de Sébastien Bérubé forment un triptyque poétique vibrant et engagé, où l’Acadie d’aujourd’hui se mêle à une colère lucide, une tendresse rugueuse et une voix résolument libre.

Une poésie qui gronde depuis le Madawaska

Avec Là où les étoiles boucanent, Sébastien Bérubé rassemble pour la première fois ses trois premiers recueils en un volume unique, à l’occasion de ses dix ans de publication. Une manière de revenir aux sources, là où tout a commencé : dans une Acadie rugueuse, lucide et fière, avec une poésie qui mord, qui aime, qui résiste.

L’ouvrage réunit Sous la boucane du moulin (2015), Là où les chemins de terre finissent (2017) et Maudire les étoiles (2019). Trois titres, trois échos d’un même souffle : celui d’une voix qui refuse le silence, qui observe le monde depuis la campagne, le bois, le rang, et qui refuse de se faire docile.

Entre colère sociale et tendresse du territoire

La poésie de Sébastien Bérubé n’est pas une rêverie douce. Elle est narquoise, ironique, provocante — parfois même brutale dans sa manière de dire les choses. On y croise les ravages de l’exploitation, l’abandon des régions, la pauvreté banalisée, les inégalités étouffées dans la poussière des routes secondaires.

Mais entre deux vers acérés, une autre force affleure : celle de l’amour du territoire, de la langue, des gens. Bérubé écrit à hauteur de fermes abandonnées, de boucane de moulin, de ciels trop vastes pour être indifférents. Il tend l’oreille au silence des villages, aux cris qui ne sortent pas toujours des poitrines, et donne à entendre ce que les cartes ignorent : l’épaisseur de la vie rurale et la beauté frondeuse d’une culture qui ne veut pas mourir.

Un ancrage dans l’Acadie contemporaine

L’auteur ne cache pas ses racines : il les revendique. Madawaska, les bois, l’Acadie — autant de lieux qui deviennent matière poétique et politique. Car Bérubé ne sépare jamais l’intime du collectif. Ses poèmes nous parlent autant de solitude que de politique agricole, de rêves qu’on rétrécit que de routes qu’on bétonne.

Dans la préface, le poète Serge Patrice Thibodeau inscrit cette œuvre dans une tradition littéraire acadienne en mouvement, affirmant sa portée et sa singularité. En postface, Bérubé lui-même revient sur sa démarche et son engagement, éclairant la naissance de sa voix poétique dans un contexte rural où la parole se gagne à la force du poignet.

Une œuvre de transition et de transmission

Cette réédition, loin d’être une simple compilation, est aussi un jalon dans le parcours de l’auteur. Elle prépare l’arrivée d’un quatrième recueil, prévu pour mars 2026, qui ouvrira un nouveau cycle. Mais avant d’y entrer, Là où les étoiles boucanent nous invite à revisiter les fondations : celles d’un poète en colère, debout, et toujours amoureux du monde qu’il tente de réparer avec ses mots.

C’est un livre à lire à voix haute, pour entendre le rythme de la terre. Un livre à emporter avec soi, comme un complice ou un témoin. Un livre qui montre que la poésie peut encore dire vrai — et dire fort.

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