Une colocation, quatre âmes en devenir
Avec Les Oubliés d’Acton Street, Justine Buhl signe un roman contemporain d’une grande délicatesse, plongeant ses lecteurs au cœur des incertitudes, élans et blessures de la jeunesse. Loin des clichés estudiantins, ce récit se concentre sur les moments suspendus, les sentiments troubles et les quêtes silencieuses qui façonnent une génération à la croisée des chemins.
Aurora, l’héroïne, entame sa première année universitaire à Londres avec l’envie, voire le besoin vital, de tout recommencer. Marquée par une histoire personnelle singulière, elle est convaincue d’être une muse — une présence inspiratrice destinée à nourrir les artistes plutôt qu’à s’accomplir par elle-même. Cette conviction façonne son rapport au monde, à ses colocataires et surtout à Oscar, un jeune peintre dont elle s’éprend rapidement.
Mais Les Oubliés d’Acton Street n’est pas une romance classique. C’est un roman sur l’amour, oui, mais aussi sur l’identité, l’amitié, le deuil des illusions et la construction de soi hors des regards des autres.
Une écriture fine pour sonder l’intime
Justine Buhl développe ici une narration à la fois pudique et intense, où chaque geste, chaque regard, chaque silence prend un poids particulier. À travers Aurora, elle explore le syndrome de l’effacement de soi au profit des autres. Cette jeune femme, persuadée d’exister pour nourrir l’inspiration des autres, s’oublie peu à peu, jusqu’à frôler la disparition intérieure.
Oscar devient pour elle un miroir : un créateur qu’elle admire, idéalise, et auquel elle offre tout — émotions, présence, admiration — sans attendre de retour. Pourtant, Les Oubliés d’Acton Street ne tombe jamais dans la caricature ou la victimisation. Il interroge avec justesse le rôle que l’on accepte d’endosser dans une relation, volontairement ou inconsciemment, et les conséquences que cela peut avoir sur notre construction personnelle.
L’écriture de Justine Buhl est douce, sensible, souvent poétique, ponctuée de dialogues justes et de scènes du quotidien empreintes d’un réalisme touchant. Elle capte à merveille l’ambiance d’une colocation d’étudiants à Londres : les repas improvisés, les soirées entre confidences et silences, les rêves chuchotés dans des chambres trop petites, et cette amitié naissante qui, sans en avoir l’air, devient l’ancrage principal de chaque personnage.
Un roman d’apprentissage au charme mélancolique
Au fil des pages, ce qui semblait être une simple intrigue amoureuse se transforme en une véritable quête identitaire, autant pour Aurora que pour les trois autres colocataires. Chacun porte ses propres doutes, ses blessures plus ou moins visibles, ses attentes souvent irréalistes. Les liens qui se tissent entre eux sont fragiles, mais profondément humains.
C’est cette humanité, d’ailleurs, qui donne au roman sa force : la capacité de capturer l’ambivalence des émotions, la beauté des instants fugaces, et le poids de ce que l’on ne dit pas. La jeunesse y est dépeinte non pas comme une période légère, mais comme un temps de transition, d’erreurs nécessaires, de confrontations douloureuses et de découvertes essentielles.
En arrière-plan, Les Oubliés d’Acton Street interroge aussi notre rapport à l’art et à la création. Peut-on aimer quelqu’un sans s’y perdre ? Est-on condamné à être muse ou peut-on être créateur de sa propre vie ? À travers ces réflexions, le roman dépasse la simple histoire d’une première année universitaire pour devenir un vrai roman de formation.
Un coup de cœur pour les amateurs de récits sensibles et profonds
Si vous avez aimé Ma chère Juliet ou les romans d’apprentissage à l’anglo-saxonne, Les Oubliés d’Acton Street saura vous séduire. Il s’adresse à tous ceux qui ont connu la confusion de la jeunesse, les désillusions amoureuses, et cette recherche ardente d’un sens à donner à sa vie.
Pour découvrir ce roman bouleversant, rendez-vous sur IZIBOOKS et laissez-vous porter par la plume sensible de Justine Buhl. Une lecture qui vous accompagnera longtemps, bien après la dernière page tournée.



